L'évènement est de taille, et les conséquences le seront tout aussi : Le Premier ministre libyen Ali Zeidan a été enlevé, jeudi, à l'hôtel Corinthia, à Tripoli où il réside, pendant quelques heures par un groupe d'ex-rebelles, connu sous le nom de Cellule des opérations des révolutionnaires de Libye. Dépendant officieusement des ministères de l'Intérieur et de la Défense, ce groupe, qui a officiellement revendiqué l'enlèvement, affirme avoir agi sur ordre du parquet. « M. Zeidan a été arrêté conformément aux articles relatifs aux crimes et délits préjudiciables à l'Etat et aux crimes et délits préjudiciables à la sûreté de l'Etat », soutiennent les auteurs du forfait. Aussitôt libéré, M. Zeidan a appelé, dans une allocution télévisée, à la sagesse souhaitant que « ce problème (son enlèvement, ndlr) sera réglé avec raison et sagesse », en évitant « l'escalade ». Mais ses propos apaisants ne l'ont pas empêché d'accuser, sans néanmoins le nommer, « un groupe politique » d'avoir organisé son kidnapping. « Pour avoir parlé avec ceux qui m'ont pris en otage, j'ai compris les raisons qui se trouvaient derrière mon enlèvement. Ils veulent destituer le gouvernement par la force, par les voies non démocratiques ou par n'importe quel moyen », a-t-il expliqué. M. Zeidan a précisé qu'il avait discuté avec ses ravisseurs au sujet de la capture d'Abou Anas Al Libi, un chef présumé d'Al Qaïda, le week-end dernier, par un commando américain à Tripoli. Une affaire qui a mis sens dessus-dessous la classe politique libyenne, notamment les milices armées dont une grande partie a dénoncé l'intervention US. Il a expliqué, à ce propos, que son gouvernement « ne savait rien à l'avance de cette opération américaine, mais que s'il l'avait su, il en aurait informé Abou Anas ».« Pensez-vous qu'un citoyen ou un musulman ou n'importe quelle personne puisse apprendre qu'on va faire du mal à une autre personne et l'accepter ? Si je l'avais su, je l'aurais l'informé à l'avance. Je ne le connais pas, mais quand même, je l'aurais informé », a-t-il ajouté. Le gouvernement libyen n'a pas attendu longtemps pour réagir. Dans un communiqué lu par le vice-Premier ministre al-Seddik Abdelkarim, le gouvernement libyen a affirmé qu'il ne « céderait au chantage de quiconque ». Il a affirmé que le gouvernement était « solidaire et soudé » et a rassuré les représentations diplomatiques et les expatriés en Libye, affirmant que la « situation sécuritaire était sous contrôle ». Une déclaration qui n'a pas apaisé les inquiétudes des capitales étrangères. Notamment après l'attentat à la voiture piégée qui a visé, hier, le consulat de Suède à Benghazi, dans l'est du pays, sans faire, toutefois, de victimes. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a qualifié l'enlèvement « d'acte de brutalité » et assuré que les Etats-Unis continueraient de collaborer avec Tripoli pour assurer sa sécurité. La Russie y voit, pour sa part, une preuve de « la fragilité » de la situation sécuritaire en Libye, notamment « l'absence de stabilité que nos partenaires avaient promise », faisant référence aux pays occidentaux.