Photo : Slimene S.A. Dans le cadre des soirées culturelles et artistiques, Mille et Une News, organisées en ce mois de ramadhan par le quotidien Algérie News, le sociologue Ali El Kenz, professeur à l'Université de Nantes, et auteur d'une importante bibliographie, a animé une conférence-débat autour de la question : L'Islam, les intellectuels et la question des langues. Sujet qu'il a cerné sur la base de deux éléments majeurs à ses dires : la foi (la question religieuse) et les mots (la langue). Puisant dans une actualité riche à la fois sur le plan national qu'à l'étranger (les événements de la mosquée d'Aghrib en Kabylie, le conflit suscité par l'intervention de l'autorité palestinienne dans les prêches des vendredis à Naplouse, la guerre larvée entre El Azhar en Egypte et le site des Fatwas on-ligne du cheikh el Qaradaoui…), l'auteur du Hasard et de l'histoire n'a pas été sans formuler des questions qui restent selon lui en suspens, et qui reposent essentiellement sur les deux questions, à savoir la foi et la raison. Selon M. El Kenz, l'autorité politique publique de l'Etat nation a perdu le terrain face à d'autres « autorités » musulmanes nées dans les vagues de la mondialisation, technologiques notamment. « Pourquoi les musulmans aujourd'hui préfèrent se fier aux règles religieuses plutôt qu'aux règles juridiques ?», s'interroge le conférencier qui admet qu'au-delà du «choc des civilisations » entre les cultures et les religions dans le monde, existe un autre conflit de ce type, mais au sein même de la civilisation musulmane. Un choc qu'il met en avant à travers cette problématique d'allégeance du religieux au détriment du politique. Sur ce, M. El Kenz El Kenz a suggéré la mise en place d'un système séculier, et non laïc, un concept exclusivement français à ses yeux, dans les pays musulmans s'appuyant sur le « Traité décisif » du grand philosophe andalou Averroès, « le fondement institutionnel et politique de l'Etat séculier » dont la pratique religieuse a pour essence de favoriser aussi bien l'activité politique que scientifique.