Tandis que se tenait à Londres une réunion du groupe des Amis de la Syrie visant à unifier les rangs de l'opposition en vue de la conférence de paix, Genève 2, le président syrien est monté au créneau pour dire que les conditions de cette réunion n'étaient pas encore réunies. A peine la date de cette conférence de paix retenue, que les grandes manœuvres politiques ont commencé à prendre forme, rendant plus complexe encore la tâche de l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi, qui sillonne, depuis samedi, la région, dans l'espoir de rapprocher les points de vue des pays impliqués dans la crise. Fort des succès de son armée contre l'opposition armée et les factions combattant sous le label d'Al Qaïda, le gouvernement syrien n'a pas l'intention de céder au chantage des armes. Le président syrien, Bachar al Assad, fait savoir, lundi, dans une interview à la chaine libanaise Al Mayadeen, que les « conditions n'étaient pas encore réunies pour des négociations de paix avec l'opposition », en précisant que la date de la conférence internationale n'a pas encore fixée. « Quelles sont les forces qui y prendront part ? Quel lien ont-elles avec le peuple syrien ? Ces forces représentent-elles le peuple syrien, ou représentent-elles les Etats qui les ont créées ? », s'est-il interrogé. Et de décréter que « la solution (au conflit syrien) doit être une solution syrienne ». La condition du chef de l'Etat syrien fait suite à l'appel du médiateur international qui a exigé une opposition « crédible » pour la réussite des futurs pourparlers. La sortie équilibrée du médiateur onusien n'a pas pour autant atténué le contentieux avec Damas qui exige le respect du principe de « neutralité ». le président syrien estime que le représentant de l'ONU et de la Ligue arabe « ne devrait pas executer des tâches qui lui ont été assignées par d'autres pays, mais se concentrer sur le processus de dialogue entre les parties en conflit sur le terrain ». La mise au point musclée de Bachar al Assad n'est évidemment pas fortuite. Elle intervient alors que se tenait, hier, à Londres, une réunion du groupe des Amis de la Syrie (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Turquie, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Egypte et Jordanie) dans la perspective de convaincre la Coalition de l'opposition syrienne de la nécessité d'aller à Genève 2. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, dont le pays est, avec la Russie, l'initiateur de cette démarche, y voit un effort visant à faire avancer le processus politique. Les chefs de diplomatie du groupe vont insister pour que l'opposition syrienne se présente « unie et forte ». Une condition sine qua non pour trancher définitivement la question épineuse de la représentativité de l'opposition à voix multiples et en guerre ouverte pour le leadership. Lors de la réunion d'Istanbul, le choix définitif du CNS, représenté par son président, Ahmed Jarba, sera connu et renseignera davantage sur les options retenues : le dialogue ou les armes.