Il est d'évidence que le lien ombilical entre le droit à l'indépendance, à la manifestation pacifique et à une expression et les droits humains a mis davantage en exergue la condition inhumaine du peuple sahraoui privé de ses libertés fondamentales massivement violées. A Boujdour, tout comme à El Ayoune et les autres villes occupées, la répression bat son plein pour contenir la vague de manifestations, lancées par des diplômés et des militants des droits de l'homme sahraouis, pour protester, samedi 5 novembre, contre le financement d'un festival (120 millions de dirhams) garanti par les recettes des richesses maritimes de la région (Boujdour) souffrant de marginalisation et de pauvreté, ou l'expulsion arbitraire, le jeudi 3 novembre, du jeune Tayeb Sayad vers une ville marocaine. Dans un reportage intitulé « lettre du Sahara occidental, une terre sous occupation », réalisé par le journaliste Sharif Abdel Koudous, établi au Caire, le magazine américain The Nation a évoqué les conditions de vie pénibles des réfugiés et les « actes de torture » et de « maltraitance » infligés aux Sahraouis des territoires occupés. Il révèle les immenses aspirations à « un avenir meilleur » de la jeunesse qui « s'accroche à la promesse d'une patrie indépendante et libre ». Mais, aussi, la déception ressentie par l'impuissance onusienne à imposer la primauté du droit international sur les intérêts des puissances dans cette « dernière colonie africaine dont le conflit est le plus long au monde mais qui reste le plus invisible ». Pour le secrétaire général de la Fédération panafricaine des associations de l'Union africaine, le Burkinabé Tanga Abdou Fulgence Kabour, la situation humanitaire est « alarmante, voire insoutenable ». Il a indiqué, mardi dernier, que « les pratiques coloniales marocaines au Sahara occidental sont inacceptables pour la communauté internationale, notamment pour l'ensemble des Africains ». Pour le patron du mouvement associatif africain, la surveillance des droits de l'homme par la Minurso est « devenue une urgence », tout en annonçant l'installation officielle, dans quelques jours, du comité burkinabé de soutien au peuple sahraoui. Le très influent journal d'information Huffington Post soutient que le droit à l'autodétermination sahraoui est désormais incontournable. Sous le titre évocateur « la dernière colonie d'Afrique : l'Etat oublié », la publication américaine est revenue, par-delà le jalonnement historique de la double colonisation, sur le fait que « tous les Etats africains sont considérés comme souverains sauf un qui est le Sahara occidental », victime à la fois du marché de la honte conclu par l'ancien et le nouveau colonisateur, mais également du déni de la légalité internationale jugée alors antagonique avec « l'intérêt des puissances mondiales ». A la clé, présentement, le « pire échec » de l'ONU incapable d'introduire le mécanisme de surveillance des droits de l'homme sahraouis dans la Minurso et le silence coupable des médias étrangers frappés de censure marocaine.