Sous le signe « 40 ans de lutte, 40 ans de dignité », des centaines de manifestants ont parcouru, hier en début d'après-midi, les rues de Madrid, depuis la gare centrale d'Atocha jusqu'à la Puerta del Sol, pour réclamer la tenue d'un référendum d'autodétermination et exiger que l'accord de pêche signé entre l'Union européenne et le Maroc, le 23 juillet dernier, exclut le Sahara occidental de son champ d ́application. Cette manifestation a été convoquée par la Fédération nationale des associations de soutien au Sahara (Ceas), présidée par José Taboada, et la Plateforme civile pro-référendum. Comme chaque année à pareille date de la journée du 9 novembre, ce fut l'occasion de dénoncer les accords secrets de Madrid (1975) par lesquels l'Espagne avait cédé son ancienne colonie au Maroc. Comme chaque année aussi, on a entendu à peu près les mêmes slogans : « Maroc coupable, Espagne responsable » ou encore « halte aux violations des droits de l'homme » et « libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis ». Plusieurs députés espagnols faisaient partie de la marche, parmi lesquels l'eurodéputé Willy Meyer qui est à la tête du combat pour la cause sahraouie au plan européen. Willy Meyer a déclaré à la presse que l'Espagne, qui est considérée toujours comme la puissance administrante du Sahara occidental, « doit poursuivre le processus de décolonisation » de son ancienne colonie, la dernière en Afrique et l'une des rares dans le monde. L'eurodéputé ne ménagera pas non plus l'Europe qui se complait dans une certaine passivité. Il a lancé un appel à Mme Catherine Ashton, la haute représentante de l'UE pour la politique extérieure et la sécurité commune, pour « jouer un rôle plus actif en matière de défense des droits de l'homme » au Sahara occidental. Concernant l'accord UE-Maroc, la commission de pêche du Parlement européen doit se réunir la semaine prochaine autour de ce projet qui sera soumis à la plénière des euro-parlementaires à Strasbourg vers la fin du mois courant ou au début décembre. L'Espagne, le plus grand bénéficiaire des termes de cet accord qui lui ouvre droit à la grande majorité des licences de pêche délivrées par le Maroc, agit activement pour sa ratification par les eurodéputés. Un député communiste a fait observer que « le gouvernement espagnol n'a pas le droit d'opposer les intérêts de l'Espagne à ceux d'un autre peuple ».