Plusieurs milliers de personnes, dont des personnalités du monde de la culture, de la politique et des syndicalistes, ont manifesté samedi à Madrid pour revendiquer le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, et dénoncer la position de l'Etat espagnol et sa "relation privilégiée avec la monarchie alaouite" dans le conflit du Sahara occidental. Convoquée à l'initiative de la Coordination espagnole des associations solidaires avec le peuple sahraoui (CEAS) et la plate-forme "Tous pour le Sahara occidental" qui regroupe de nombreux cinéastes et acteurs espagnols de renom, la marche a drainé des milliers d'Espagnols et de Sahraouis venus de toutes les régions d'Espagne, y compris des territoires sahraouis occupés par le Maroc. C'est derrière une immense banderole où l'on pouvait lire "Pour la liberté et l'indépendance du Sahara occidental. Maroc coupable, Espagne responsable" que la marche s'est ébranlée de la place de Atocha vers le siège du ministère des Affaires étrangères, situé à quelques mètres de la mythique Puerta del Sol, le cœur battant de la capitale espagnole. À la tête de la marche se trouvaient des responsables sahraouis en Espagne, aux côtés notamment des représentants de la plate-forme "Tous pour le Sahara occidental" comme le réalisateur Fernando Colomo et l'acteur Fran Perea, le secrétaire chargé des mouvements sociaux du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE-au pouvoir), Pedro Zerolo, l'ancien leader de la Izquierda Unida (IU-gauche Unie), Gaspar Llamazares, ainsi que des représentants d'autres partis politiques et de syndicats. L'ancienne dirigeante du Parti socialiste espagnol jusqu'en 2007 et actuelle leader du parti Union progrès et démocratie (UPD), Mme Rosa Diez, y était également présente. La marche, qui s'est déroulée au milieu d'une forêt de drapeaux de la RASD et sur plusieurs centaines de mètres, a été l'occasion pour les manifestants de brandir de nombreuses pancartes appelant à la décolonisation du Sahara occidental, à la tenue d'un référendum d'autodétermination et à la fin de la répression et des violations des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés. Arrivés devant le siège du ministère des Affaires étrangère où une tribune a été érigée à l'occasion, les organisateurs ont donné lecture à un communiqué dans lequel ils ont réitéré le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et condamné la violation des droits de l'homme par le Maroc dans les territoires sahraouis occupés. Ils ont également "dénoncé énergiquement l'attitude de l'Etat espagnol et sa relation privilégiée avec la monarchie alaouite", affirmant que "comme puissance administrante responsable politiquement et juridiquement de la tragédie que vit encore le peuple sahraoui, l'Espagne doit contribuer de manière honnête à une solution juste et définitive du conflit" du Sahara occidental. L'ancien leader de la Gauche Unie, Llamazares, a déclaré à l'APS que "lorsque des milliers de personnes manifestent, cela veut dire que l'on n'est pas en train de faire le nécessaire pour trouver une solution à ce problème", ajoutant que "l'Espagne doit cesser d'avoir uniquement la diplomatie des intérêts et passer à celle du droit international et des valeurs". De son côté, Mme Rosa Diez a souligné la "nécessité de défendre une cause juste, et il appartient au gouvernement espagnol de la défendre au niveau international". "Il s'agit de faire appliquer simplement les résolutions des Nations unies et amener le Maroc à les respecter, comme cela a été fait pour l'Irak", a-t-elle dit, ajoutant que "l'Espagne est le pays qui a le plus de responsabilité dans le conflit du Sahara occidental, car nous avons une dette envers le peuple sahraoui". Pour sa part, M. Zerolo a déclaré à la presse que son parti a maintenu la même position durant plusieurs années et soutient une "solution juste, durable et mutuellement acceptable entre le Maroc et le Front Polisario, garantissant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui". Enfin, le président de la CEAS, M. Taboada, a indiqué que cette manifestation a été organisée également pour dénoncer le 33e anniversaire de la signature des accords tripartites de Madrid (14 novembre 1975), à travers lesquels l'Espagne a cédé le Sahara occidental, alors colonie espagnole, au Maroc et à la Mauritanie. "Le peuple espagnol s'est mobilisé aujourd'hui pour exiger du gouvernement espagnol une position active dans la défense du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui qui ne peut pas continuer de vivre dans cette situation, tant dans les territoires occupés sous la violation des droits de l'homme que dans les campements de réfugiés", a-t-il ajouté. "La société civile espagnole continuera de revendiquer que l'Espagne a cette responsabilité historique pour rendre justice au peuple sahraoui", a-t-il conclu. R. I./Agences