Le gouverneur militaire de Benghazi, le colonel Abdallah al-Saiti, a mis, hier, en alerte ses troupes et demandé à tous les soldats de rejoindre leurs unités. Raison de cette mobilisation : les affrontements qui ont opposé, hier matin, Ansar Ashariaa (les partisans de la loi islamique) un groupe salafiste jihadiste aux forces spéciales de l'armée libyenne qui étaient à la poursuite d'un suspect dans cette ville qui est devenue le théâtre d'assassinats et d'attaques contre les forces de sécurité. Selon le gouvernement intérimaire libyen qui peine à mettre sur pied une armée et une police pour combattre ces groupes qui font la loi, ces affrontements qui ont éclaté quand une patrouille des forces spéciales a été attaquée à proximité du quartier général d'Ansar Ashariaa, dans le quartier de Ras Obeida, se sont élargis ensuite aux autres quartiers de la ville. « En particulier près d'une clinique caritative appartenant à Ansar al-Charia dans le quartier al-Selmani », précise le colonel Miloud al-Zwei, porte-parole des forces spéciales. Les premiers bilans établis par l'hôpital al-Jala de la capitale de l'est du pays font état de 9 morts, dont 5 soldats, et 51 blessés par balles, dont 10 civils. Principale crainte du gouverneur après cette première confrontation du genre ? L'arrivée des renforts à Ansar al-Charia qui dicte déjà sa loi en particulier dans l'est du pays et ne reconnaît pas les institutions de l'Etat ni ses services de sécurité, les qualifiant d'apostat et de « taghout ». D'où sa demande à l'armée de dresser des barrages sur les routes à l'entrée est de la ville et à la population qui a, dans un geste de colère, incendié un des locaux du groupe salafiste, de rester calme et de collaborer avec les forces régulières. Ces heurts vont-ils exacerber la grogne populaire contre toutes les milices qui écument la Libye et encourager les autorités à ne plus craindre ces groupes lourdement armés, par crainte de représailles ? Le 15 novembre, des violences déclenchées par les tirs d'une milice contre des manifestants pacifiques venus lui demander de quitter la capitale ont fait 46 morts et plus de 500 blessés. En septembre 2012, les habitants de Benghazi avaient réussi à déloger Ansar al-Charia de leur QG. Ces derniers ont repris leurs positions quelques semaines plus tard.