L'armée libyenne était lundi en état d'alerte à Benghazi, dans le nord-est du pays, après de violents affrontements avec un groupe d'anciens rebelles armés qui ont fait neuf morts et 49 blessés, alors que des pays occidentaux se sont engagés à apporter leur aide au gouvernement libyen pour contrer les violences. Les autorités disent prendre toutes les dispositions pour rétablir l'ordre dans la ville, suite à ces affrontements éclatés après qu'une patrouille des forces spéciales à proximité du quartier général d'"Ansar Achariaa" (formé d'anciens rebelles) eut été visé par une attaque. Les affrontements entre les deux parties ont fait neuf morts et 49 blessés, selon des sources locales. D'autres heurts ont éclaté par la suite entre les deux groupes dans d'autres quartiers de la ville, en particulier dans le quartier al-Selmani. Face à cette situation, le chef de la chambre commune de sécurité de Benghazi (gouverneur militaire), le Colonel Abdallah al-Saiti a "décrété l'état d'alerte" et "demandé à tous les soldats de rejoindre leurs unités", selon un responsable de sécurité Après la chute de l'ancien régime libyen en 2011, les nouvelles autorités ont chargé les ex-rebelles d'assurer la sécurité du pays mais ont vite perdu le contrôle sur ces milices. Berceau de la révolte libyenne, l'est de la Libye et Benghazi sont toujours en proie à l'insécurité ponctuée par des attaques et assassinats. Déploiement de 3.000 soldats à Tripoli après le retrait des milices Une semaine après des heurts meurtriers qui ont fait 46 morts et plus de 500 blessés, déclenchés par des tirs d'une milice contre des manifestants pacifiques, des milices ont annoncé jeudi dernier leur départ de la capitale libyenne Tripoli lors de cérémonies en présence des autorités. La brigade d'al-Qaaqa, originaire de Zenten (est), a remis le site qu'elle occupait aux autorités et a quitté les lieux avec ses armes et véhicules, dont des chars. La brigade de Sawaek, également originaire de Zenten, parmi les mieux armées et les plus disciplinées à Tripoli, a également annoncé qu'elle quittait les locaux de l'Association de l'Appel islamique, qu'elle occupait depuis l'entrée des rebelles dans la capitale en août 2011. Le Premier ministre libyen, Ali Zeidan avait assuré que "la décision d'évacuer la capitale des groupes armés sera appliquée à toutes les factions sans exception", alors que le ministre de la Défense, Abdullah al-Thani, a annoncé samedi que trois milles soldats de l'armée nationale seront déployés dans les entrées principales des zones sensibles de Tripoli. Les autorités ont annoncé cette semaine un plan prévoyant, dans une première étape, le départ des milices de la capitale, avant de les désarmer et intégrer leurs membres dans les services de sécurité. Plusieurs milices ont intégré les ministères de la Défense et de l'Intérieur, mais elles manquent de discipline et ils obéissent en premier lieu à leurs chefs et à leur ville ou tribu. Washington et Londres vont aider la Libye pour faire face aux violences Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue britannique William Hague ont fait part de leur engagement auprès du Premier ministre libyen Ali Zeidan pour aider son pays en proie aux violences. "Nous avons parlé au Premier ministre des choses que nous pouvons faire ensemble — le Royaume-Uni, les Etats-Unis et d'autres amis — pour aider la Libye à gagner la stabilité dont elle a besoin", a déclaré M. Kerry aux côtés de MM. Hague et Zeidan après leur entretien dimanche à Londres. M. Hague a également fait part de "l'engagement très fort du Royaume-Uni pour aider le gouvernement et le peuple de Libye", sans donner de précisions sur la manière dont Londres pourrait épauler ce pays où une coalition internationale a mené en 2011 une intervention aérienne armée. Dans les conclusions de leur dernière réunion mensuelle à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères ont exprimé leur préoccupation face à "la détérioration importante" de la situation en Libye. "L'UE appelle toutes les parties à éviter tout nouveau bain de sang", ont-ils ajouté, alors que Tripoli était quasiment paralysée par des incidents liés à la présence de milices défiant le pouvoir central en place. Les Européens appellent les autorités libyennes à poursuivre "l'intégration progressive de membres des brigades révolutionnaires" en menant des programmes de démobilisation, de réintégration et de désarmement. L'UE a récemment lancé une mission civile dont l'objectif est de former du personnel chargé du contrôle des frontières terrestres, maritimes et aériennes libyennes.