Des centaines d'habitants de Benghazi se sont rebellés contre les milices armées qui faisaient leur loi dans la deuxième ville de Libye, chassant plusieurs groupes extrémistes de leurs fiefs, au terme de combats ayant fait au moins quatre morts et plus de 70 blessés. Benghazi vit, depuis, sur fond de crainte de possibles représailles. Le groupe paramilitaire ayant subi la colère des manifestants est la milice salafiste d'Ansar al-Charia, possédant son quartier général dans le centre de Benghazi. Aux cris de «le sang des martyrs n'a pas été versé en vain», les manifestants se sont également attaqués au quartier général de la brigade de Raf Allah al-Sahati. Un groupe islamiste qui dit être sous l'autorité du ministère de la Défense. L'attaque n'a pas été du goût des autorités libyennes, qui ont mis en garde contre le «chaos» et appelé les manifestants à faire la différence entre les brigades «déloyales» et celles qui sont sous l'autorité de l'Etat. Le président de l'Assemblée nationale, Mohamed al-Megaryef, s'est, de son côté, félicité de la réaction de la population contre les «brigades en dehors de la légitimité», tout en appelant les manifestants à se retirer immédiatement des locaux occupés par des brigades affiliées au ministère de la Défense : «Le groupe de Raf Allah al-Sahati, la brigade du 17 février et Le bouclier de la Libye.» Le ministre de l'Intérieur, Fawzi Abdelali, a, lui, mis en cause des personnes «infiltrées parmi les manifestants» qui font partie des services de sécurité et pousseraient vers le «chaos et la sédition». Dix jours après l'attaque du consulat américain du 11 septembre 2012, qui a coûté la vie à l'ambassadeur des Etats-Unis, Chris Stevens, et trois autres Américains, la situation sécuritaire demeure précaire à Benghazi. Avant de se diriger vers la caserne d'Ansar al-Charia, les manifestants ont délogé une autre milice d'un bâtiment de la sécurité libyenne dans le centre-ville. Deux sites occupés par les forces de sécurité régulières. Ansar al-Charia a dû quitter, sous la pression des manifestants, l'hôpital al-Jala qu'elle contrôlait, et qui a été repris par la police militaire. Au moins quatre autres installations publiques ont été désertées par des milices à l'arrivée des manifestants. Le nouveau pouvoir en Libye semble avoir les plus grandes difficultés à désarmer les groupes d'ex-rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi. Bien que plusieurs d'entre eux aient intégré les ministères de la Défense et de l'Intérieur, la confusion reste de mise. L'attaque contre le consulat américain, déclenchée suite à la manifestation contre le film insultant l'Islam, a illustré l'incapacité des autorités à assurer la sécurité dans le pays. Situation aggravée par la montée tangible de groupes islamistes radicaux. Benghazi, deuxième ville de Libye, d'où était partie en 2011 la contestation du régime de Kadhafi, a été le théâtre, ces derniers mois, de plusieurs attaques contre des intérêts occidentaux et d'assassinats de responsables libyens. M. B. /Agences