Donald Booth, l'émissaire américain pour le Soudan et le Soudan du Sud, est, depuis hier soir, à Juba. Le Nigeria a envoyé lui aussi un émissaire. Mission assignée à ces deux envoyés spéciaux : prendre le relais des cinq ministres des Affaires étrangères d'Afrique de l'Est qui ont achevé une médiation de trois jours dans la capitale du Sud-Soudan et tout faire pour convaincre leurs interlocuteurs d'éviter une extension de la guerre civile qui menace de s'étendre à tout le pays, voire à toute la région. « Une guerre civile n'est pas proche. Nous l'éviterons à tout prix », rassure James Hoth Mai, le commandant en chef de l'armée sud-soudanaise. En attendant les résultats de cette médiation, Salva Kiir, le président sud-soudanais et Riek Machar, son rival, utilisent les combattants de leurs communautés respectives, Dinka pour le premier, et Nuer pour le second, pour solder leurs comptes et les combats continuent dans deux Etats, l'instable Jonglei dans l'Est et l'Etat-clé pétrolier d'Unité. Selon Philip Aguer, le porte-parole de l'armée régulière, « l'Etat d'Unité est actuellement divisé » entre les forces de Kiir et celles de Machar. Le président sud-soudanais promet de « mener un dialogue sans conditions » avec son rival, l'ancien vice-président Machar, si celui-ci lui reconnaît la qualité de Président légitime élu jusqu'en 2015. « Rien ne peut justifier qu'il se plie à des conditions posées par des rebelles qui ont tenté de le renverser », explique son entourage. Machar, qui exige la libération de tous les responsables politiques emprisonnés ou assignés à résidence, comme la veuve du leader John Garang et le départ de Kiir du pouvoir, semble mettre du bémol dans ses conditions. Il ne demande plus le départ du Président. Raison de ce recul ? La pression des Américains. Ils menacent de lui couper les vivres. Dans une déclaration unanime mais non contraignante, le Conseil de sécurité appelle les deux belligérants à « lancer un appel à la cessation des hostilités et à l'ouverture immédiate d'un dialogue » car « la poursuite des combats mettrait en péril l'indépendance de leur nation, née en juillet 2011, avec le soutien des Américains ». Au Nord, à Khartoum, Omar El Béchir ne cache plus son inquiétude. D'autant que la situation en Centrafrique, Libye et Egypte n'est pas réjouissante.