Les différents acteurs (nationaux, régionaux et internationaux) mettent les bouchées doubles pour trouver une issue au conflit syrien, dans ce qui est appelé conférence Genève II, prévue le 22 janvier, à Montreux (Suisse), sous l'égide de l'ONU. La tâche n'est pas aisée. Plombée par ses dissensions internes, la Coalition de l'opposition établie à l'étranger n'a toujours pas tranché sur sa participation. Les principaux groupes de rebelles qui combattent l'armée syrienne l'ont clairement mise en garde contre toute forme de négociations avec le gouvernement, tandis que le Conseil national syrien (CNS), qui représente le plus gros lot de ses rangs, a déjà exprimé son refus d'y participer. C'est pourquoi, ses alliés, les Etats-Unis en tête, multiplient les pressions, ces derniers jours, pour convaincre les plus récalcitrants parmi ses membres d'aller négocier avec Damas qui, de son côté, se dit prête à des pourparlers sans condition. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry sera, aujourd'hui, à Paris, pour prendre part à une nouvelle réunion du groupe des « Amis de la Syrie », rassemblant le président de la Coalition nationale de l'opposition, Ahmad Jarba, et les ministres des 11 Etats qui la soutiennent (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Turquie, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Egypte et Jordanie). « Je suis assez confiant dans le fait qu'ils vont réussir à convaincre l'opposition d'être présente à Genève II », a assuré un responsable du département d'Etat, en précisant que ce rendez-vous « sera leur première occasion d'être face au gouvernement syrien et je pense qu'ils ne rateront pas l'occasion ». Washington n'est pas la seule à vouloir faire pression sur les anti-Assad. La Russie dont les relations se sont sensiblement apaisées avec le groupe d'Istanbul (nom donné à l'opposition par les pro-Damas) s'est aussi mise de la partie. Une délégation de la Coalition conduite par M. Jarba et le secrétaire général Badr Jamous devrait rencontrer, aujourd'hui, dans la capitale française, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Sa visite à Moscou les 12 et 13 janvier étant annulée. Depuis vendredi, les deux parties, américaine et russe, font le forcing dans l'espoir de réussir ce rendez-vous crucial, à bien des égards, pour l'avenir de la Syrie. Les consultations qui se sont déroulées à Moscou ont associé, côté russe, les vice-ministres russes des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, et Guennadi Gatilov, et, côté américain, la sous-secrétaire d'Etat, Wendy Sherman, et l'ancien ambassadeur en Syrie, Robert Ford. Les deux pays ont souligné que « le règlement de la crise syrienne ne pouvait être que politico-diplomatique et que toute tentative de règlement militaire serait vouée à l'échec ». « Les parties ont indiqué que la future conférence était appelée à donner le coup d'envoi à des négociations intersyriennes directes sur la base du Communiqué de Genève, et que, dans le cadre de ces négociations, les Syriens décideraient eux-mêmes de la future organisation de leur Etat », a précisé un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.