L'option est désormais entérinée : l'envoi des troupes au Soudan du Sud livré aux atrocités de la guerre politico–ethnique. « L'Igad a déjà adopté une résolution autorisant l'envoi de 5.500 soldats au Soudan du Sud. Certains pays ont déjà accepté d'envoyer des troupes, d'autres y y réfléchissent », a annoncé, hier, la chef de la diplomatie kenyane, Amina Mohammed. Cette annonce surprise coïncide avec l'enlisement du processus des pourparlers renvoyés aux calendes grecques. Placée sous l'égide des 7 chefs d'Etat est-africains, la médiation africaine a échoué à concrétiser les deux projets d'accord, validant le cessez-le-feu et la libération des 11 détenus politiques. Alors que l'espoir d'un dénouement de la crise pointait à l'horizon, l'annulation de la rencontre de Juba, prévue aujourd'hui, a tout remis en cause. Elle a été motivée, selon la diplomatie sud soudanaise, par la proximité du sommet de l'Union africaine qui doit aborder, à la fin du mois de janvier, la crise du Sud Soudan. Sur le terrain, les combats continuent de faire rage dans les villes stratégiques et les Etats pétroliers de Malakal (capitale de l'Etat du Haut Nil), de Bor (capitale de l'Etat du Jonglei) et Bentiu (capitale de l'Etat de l'Unité). Juba qui rêvait de paix et de stabilité a perdu une immense opportunité de fermer le chapitre douloureux de la crise. Et si le retournement inattendu de situation complique davantage la donne du jeune Etat, l'internationalisation de la crise traduit l'incapacité des « frères ennemis » en guerre de leadership coûteuse et ruineuse de forger un compromis qui satisfait aux exigences des intérêts nationaux. Juba est sous surveillance étrangère. A la mi-janvier, l'Ouganda, membre de l'Igad, a officiellement admis la présence de ses troupes. Outre le système de défense établi autour de la capitale sud soudanaise, elle participe aux combats menés contre les partisans de Riek Machar majoritairement issus de la SPLA de l'ethnie Nuer. Les fractures menacent le socle national. Le Kenya préalablement « approché », est prêt également à se redéployer au Soudan du Sud. L'éventualité, évoquée par la chef de la diplomatie kenyane, n'est donc pas à écarter. De fait, la force africaine est censée surveiller le cessez-le-feu. Elle entend remplir sa mission même dans le cas du refus des belligérants de signer l'accord de cessez-le-feu. Une pression supplémentaire exercée sur les protagonistes ou retour à la case départ ?