Réunis en sommet à Nairobi, l'Autorité intergouvernementale sur le développement (Igad), organisation de pays de la corne de l'Afrique et d'Afrique de l'Est, a annoncé «l'engagement du gouvernement de la République du Soudan du Sud à un cessez-le-feu immédiat». Une posture qui ne semble pas susciter de réaction dans le camp adverse. Le chef des rebelles a répondu que toute trêve devrait être supervisée, exigeant que le président Salva Kiir libère tous ses alliés actuellement détenus. Le sommet de l'Igad est le dernier effort diplomatique en date pour tenter de désamorcer la crise sud-soudanaise. En attendant un éventuel répit les combats, qui frappent au moins la moitié des dix Etats sud-soudanais, se poursuivent. Les deux parties antagoniques affirmant, chacune de son côté, avoir pris le contrôle d'une nouvelle ville stratégique. Les dirigeants de l'Igad ont enjoint à Kiir et Machar de cesser les hostilités d'ici au 31 décembre. Faute de quoi des mesures contraignantes contre eux seront prises. Kiir et Machar ont formellement accepté d'entamer des pourparlers, mais sur le terrain aucune évolution n'est perceptible. Le Soudan du Sud, jeune Etat africain, est déchiré depuis le 15 décembre par d'intenses combats qui menacent de dégénérer en guerre civile. Au cœur du conflit une rivalité entre le président Kiir et son ex-vice-président, limogé en juillet. Le premier accuse le second de tentative de coup d'Etat. De son côté Machar nie et reproche à Salva Kiir de chercher à éliminer ses rivaux. La querelle politique vire à l'affrontement violent. Les forces rebelles prennent en quelques jours le contrôle de capitales régionales comme Bentiu, dans l'Etat pétrolier d'Unité, et Bor, dans celui du Jonglei. L'Igad, à l'origine de l'accord entre la rébellion sudiste et Khartoum, qui avait mis fin en 2005 à la guerre civile Nord-Sud et ouvert la voie à l'indépendance de Juba en juillet 2011, a condamné «toute action défiant l'ordre constitutionnel et l'Etat de droit». Ce nouveau conflit interne dans un Etat indépendant depuis seulement juillet 2011, est alimenté par des clivages entre les deux ethnies, Dinka de Salva Kiir et Nuer de Riek Machar. Les violences entre communautés se font de plus en plus marquantes. L'ONU a annoncé la découverte d'au moins un charnier à Bentiu, et dresse un bilan de plusieurs milliers de morts. Plus de 120 000 personnes ont été déplacées depuis une dizaine de jours. Ce conflit tend à prendre un caractère tribal, menaçant directement les fragiles institutions de l'Etat. Les Etats-Unis, parrains de l'indépendance en 2011 et principal soutien politique et économique du nouvel Etat, ont réaffirmé que leur aide cesserait en cas de coup de force militaire. Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a menacé de sanctions les responsables d'exactions. L'ONU, débordée aux premiers jours des combats, a décidé d'envoyer 6 000 Casques bleus supplémentaires et des moyens aériens afin de mieux protéger les civils venus se réfugier dans ses bases par dizaines de milliers. M. B./Agences