La direction générale des Archives nationales s'emploie, de concert avec le Comité international de la Croix-Rouge, à récupérer « 50 millions de documents relatifs à la torture d'Algériens dans les prisons et les camps durant la Révolution ». C'est ce qu'a affirmé, hier, à Sétif, le directeur des Archives nationales, Abdelmadjid Chikhi. Intervenant lors d'une journée d'étude organisée à la maison de la culture Houari-Boumediène, à l'occasion du 150e anniversaire de la fondation du CICR et du Croissant-Rouge algérien (CRA), M. Chikhi a affirmé que cette récupération prendra toutefois « quelque temps ». Il a ajouté qu'un accord sera signé en ce sens entre la direction générale des Archives nationales et le CICR. Les documents « mettront davantage de lumière sur des évènements peu connus de cette période », a-t-il noté, soulignant, à ce propos, « le rôle, durant la Révolution, du Comité international de la Croix-Rouge qui avait fait, au début de 1955, ‘infiltrer' au journal Le Monde un rapport sur les pratiques de torture d'Algériens à l'intérieur des geôles françaises ». Le DG des Archives nationales a également soutenu que ce comité a œuvré, dès les premiers mois de la lutte armée, à dénoncer les pratiques inhumaines subies par les Algériens à l'intérieur des prisons françaises, donnant quelquefois lieu à la libération de certains militants. Il a aussi relevé que le Front de libération nationale avait noué de « bons rapports » avec cette organisation humanitaire, ce qui lui avait permis d'étendre ses relations, entretenues jusque-là avec les seuls gouvernements. M. Chikhi a indiqué que les Archives nationales s'attellent, avec le concours de cette organisation, à numériser l'important fonds archivistique existant, de sorte à mieux servir la recherche historique, notamment celle liée aux souffrances du peuple algérien sous l'occupation française. Le secrétaire général du CRA, Fodil Mahres, abondant, dans le même sens, a mis l'accent sur le soutien apporté par le CICR à la cause algérienne et à la libération de nombre de détenus durant la guerre de Libération nationale. Mme Yasmine Praz Dessimoz, chef des opérations du CICR pour l'Afrique du Nord et de l'Ouest, a rappelé, quant à elle, le passage à Sétif d'Henri Dunant, cofondateur en 1853 de l'organisation de la Croix-Rouge, ainsi que l'engagement de cette organisation en faveur de la défense des prisonniers algériens, dont ceux internés au camp de concentration de Ksar Ettir, au sud de Sétif. Elle a également souligné la confiance dont jouissait le CICR auprès des leaders de la Révolution algérienne, « permettant à des membres de l'organisation humanitaire de rencontrer des soldats français faits prisonniers par l'Armée de libération nationale et d'en faire libérer certains ».