La capitale bavaroise (Allemagne) renouera, à partir de demain, avec le traditionnel sommet sur la paix mondiale, auquel sont conviés une vingtaine de chefs d'Etat, une cinquantaine de ministres des Affaires étrangères et de la Défense, une dizaine de responsables d'organismes internationaux et des experts. Pour cette 50e édition de la Munich Security Conference (MSC), les menaces sur la sécurité mondiale sont singulièrement circonscrites aux cas syrien et/ou iranien. De fait, la participation des ministres russe et iranien des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et Mohamed Javad Zarif, aux côtés du secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et de son homologue de la Défense, Chuck Hagel, atteste des priorités de l'agenda euro-atlantique. Conçue, à l'origine, comme un cadre de dialogue atlantiste, la MCS se met au diapason des enjeux planétaires imposés par le nouvel ordre impérial. Inévitablement, l'ombre pesante de l'espionnage américain, qui a ruiné la relation stratégique avec l'allié européen, ne manquera pas de susciter un débat sur le programme de la NSA. « Nombre de participants auront Snowden dans un coin de leur tête », prédit l'organisateur de la MSC, l'ancien diplomate Wolfgang Ischinger. « Il va falloir du temps et des efforts des deux côtés de l'Atlantique pour restaurer pleinement la confiance », renchérit l'ambassadeur des Etats-Unis à Berlin, John Emerson. Du temps, il en coûtera évidemment pour rétablir la confiance, paradoxalement vécue dans le faste du centenaire de la Première Guerre mondiale et du 25e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Malaise euro-atlantique ? Si la mission afghane de l'Otan arrive à terme, en 2014, l'allié européen (l'Allemagne en particulier) est appelé à plus d'engagement en matière de dépense et de système d'armement pour aller, selon le secrétaire général délégué, Alexander Vershbow, vers « une alliance prête à faire face à tout ce que le futur nous réserve ». Alors que les craquements de l'ordre mondial se font entendre de partout, le constat de la « dérive stratégique » de l'Occident » est proprement effarant. Dans le cas syrien, plus précisément, le basculement dans l'« hiver djihadiste » est symptomatique de la faillite occidentale forcée à une révision déchirante. « Nous soutiendrons l'opposition qui rejette le programme des réseaux terroristes », martèle Obama, quand Fabius se refuse à évoquer le « terrorisme » à Genève 2. Face à la « menace (qui) a évolué », marquée par la prolifération des groupes affiliés à al Qaïda au Yémen, en Somalie, au Mali, le démantèlement du « cœur » d'al Qaïda n'a pas pour autant éliminé la menace terroriste. « Le danger demeure », reconnaît Obama.