C'est ce qu'a déclaré, hier, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à l'envoyé spécial à Addis-Abeba de la radio française RFI, captée à Paris. A une question relative à l'identité des candidats potentiels au scrutin présidentiel et si le président Bouteflika avait un « candidat » à sa propre succession, dans le cas où il déciderait de ne pas se présenter, M. Lamamra, qui s'exprimait depuis la capitale éthiopienne en marge des travaux de la 24e session ordinaire du Conseil exécutif de l'Union africaine, a déclaré : « Je ne saurais vous le dire. Il (le président, ndlr) choisira le moment où il s'exprimera sur cette question. » Donner une chance au dialogue intermalien Concernant la reprise de la médiation algérienne entre les autorités maliennes et les Touareg du nord du pays, M. Lamamra a souligné que ce n'est pas une substitution à l'initiative burkinabé. « Il s'agit d'effort de l'Afrique pour donner une chance au dialogue intermalien. Il y a une continuité entre l'effort déployé par nos frères Burkinabés et ce qui n'a jamais cessé d'être un intérêt de l'Algérie, une contribution de l'Algérie, une valeur ajoutée de l'Algérie. » Plus explicite, le chef de la diplomatie algérienne poursuit : « La contribution burkinabé a débouché au moins sur l'accord en vertu duquel les élections ont pu se dérouler. Il n'y a absolument aucune contradiction ni dans les objectifs ni dans la finalité. Fondamentalement, il y a complémentarité, il y a conjugaison des efforts, il y a continuité et il y a transparence. » Le ministre des AE a signalé que si l'Algérie a offert l'hospitalité à ses frères maliens pour réfléchir ensemble, rapprocher leurs points de vue et se préparer au mieux pour aller vers un dialogue intermalien inclusif, c'est parce que cela « nous a été demandé ». « Nous n'avons pas essayé de nous imposer sur une scène politique où nous n'aurons jamais été absents de toute façon. Il y a eu cette demande compte tenu des circonstances, compte tenu de la nouvelle situation, et il y a eu la bénédiction évidemment apportée par le président Ibrahim Boubacar Keïta à cet effort algérien », a précisé le chef de la diplomatie algérienne. Pour lui, l'objectif de la première série de contacts exploratoires à Alger est de faire en sorte que les prochains épisodes soient « davantage inclusifs bien que ce que nous avons eu a été assez représentatif ». « Faire en sorte également qu'avec les contributions des uns et des autres, différentes autorités traditionnelles du nord du Mali, mais aussi différents partenaires, nous puissions organiser une deuxième série de rencontres dans un environnement apaisé avec un climat politique et psychologique mieux préparé pour des avancées en vue de la détermination des contours et des contenus de ce dialogue intermalien », a-t-il escompté. Libye : « Des défis très sérieux » Questionné sur les relations algéro-libyennes et les problèmes sécuritaires au niveau des frontières des deux pays, M. Lamamra a indiqué que la Libye est confrontée à des « défis très sérieux ». « On voit bien que même pour un pays non dépourvu de ressources économiques, les défis de la reconstruction et du développement post-conflit se présentent d'une manière très aiguë », a-t-il relevé, signalant que « notre rôle à tous, c'est d'épauler le gouvernement libyen dans la reconstruction de ses institutions de sécurité ». En ce qui concerne la partie algérienne, il a rappelé que le vice-Premier ministre, le ministre de l'Intérieur de la Libye, Seddik Abdelkrim, a effectué une « importante » visite la semaine dernière à Alger, accompagné de responsables de haut niveau de secteurs de sécurité en Libye. « Cela a débouché sur des engagements prometteurs en ce qui concerne la coopération algéro-libyenne en matière de sécurité », a-t-il assuré.