Les regards restent braqués sur Genève 3. Dans moins d'une semaine, la reprise des pourparlers s'accompagnera du forcing des Occidentaux pour tenter de faire plier le régime de Bachar al Assad qui, tout en acceptant de rejoindre la table des négociations, ne veut pas céder d'un iota aux desiderata de l'opposition accusée de vouloir obtenir par la « politique ce qu'elle n'a pas pu obtenir par la violence ». Dans ce dialogue de sourds, qualifiant une opposition en mal de représentativité et Damas réfractaire à toute forme de concession, les incertitudes de Genève ont révélé les divergences de fond portant sur le gouvernement de transition et l'épineux dossier humanitaire sur lequel l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe s'est déclaré « très, très déçu ». Pourtant, outre l'arrivée d'un convoi d'aide alimentaire au camp assiégé des réfugiés palestiniens de Yarmouk, la proposition faite par Damas de garantir l'accès à Homs et d'autoriser le départ des femmes et des enfants a été rejetée par l'opposition accrochée à l'alibi de la séparation des familles. L'arme humanitaire est clairement brandie. Le verdict est tombé. La communauté internationale a « largement échoué », a tonné, à l'ouverture de la conférence de Rome, la ministre italienne des Affaires étrangères, Emma Bonino, en présence du vice-secrétaire général des Nations unies, Valérie Amos, et du commissaire européen pour l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva. Placée sous l'égide de l'ONU, la rencontre de Rome doit ainsi se pencher sur la « violation systématique du droit humanitaire ». Mme Valérie Amos, a jugé « totalement inacceptable » le siège des 2.500 civils à Homs et à Ghouta (banlieue de Damas) privés de l'aide de l'ONU. Un projet de résolution du Conseil de sécurité est également en préparation sous forme d'un texte commun présenté par des pays arabes, l'Australie et le Luxembourg pour conforter la bataille humanitaire de l'Occident. L'étau se referme sur Bachar al Assad menacé par le secrétaire d'Etat, John Kerry, de foudres de guerre s'il n'accélère pas « le rythme » de destruction des armes chimiques. Cette offensive diplomatique tous azimuts s'interprète comme « un levier pour faire bouger Assad et aussi pour inciter les Russes à faire quelque chose », commente un expert de Washington Institute for Near East Policy, Andrew Tabler. Al Assad prêt à des concessions à la veille de Genève III ? Un veto russe ou un rebondissement suscité par la rencontre prévue, aujourd'hui, à Moscou entre la délégation conduite par le chef de la Coalition nationale, Ahmad Jarba, et Lavrov ? Pour la ministre italienne des Affaires étrangères, Emma Bonino, « tout est prêt pour entrer en Syrie » par le cheval de Troie humanitaire.