La démission du vice-ministre a coïncidé, hasard du calendrier ou acte prémédité de sa part, avec la visite du médiateur onusien et de la Ligue arabe, Kofi Annan précédée par celle de la responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valérie Amos. “Moi, Abdo Hussameddine, vice-ministre du Pétrole, j'annonce ma démission et je rejoins la révolution du peuple qui rejette l'injustice et la campagne brutale du régime”. C'est le compte à rebours pour le régime syrien avec la défection de son premier haut cadre. Près de 8 500 personnes, en majorité des civils ont été tuées dans les violences depuis le début de la révolte en Syrie en mars 2011, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Parmi les victimes figurent 6 195 civils et 2 263 soldats et membres des services de sécurité, dont 428 déserteurs ayant rejoint les insurgés. Plus de 25 000 réfugiés sont actuellement recensés par l'ONU dans les pays voisins de la Syrie et les violences ont déplacé entre 100 000 et 200 000 personnes à l'intérieur du pays. La facture ne laisse plus indifférent le sérail de la dictature syrienne. La démission du vice-ministre a coïncidé, hasard du calendrier ou acte prémédité de sa part, avec la visite du médiateur onusien et de la Ligue arabe, Kofi Annan précédée par celle de la responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valérie Amos. La mission de l'ex-secrétaire général de l'ONU est jugée quasi impossible. Dans la brèche étroite entre le pas grand-chose et le presque rien, le diplomate ghanéen est à Damas aujourd'hui pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu qui permettrait de faire entrer l'aide humanitaire dans les villes bombardées. Au-delà, il s'agira, selon ses propres termes, de trouver avec les Syriens une solution pacifique qui respecte leurs aspirations et qui stabilise le pays. Un projet, dont rien actuellement n'accrédite un début de commencement de faisabilité, tant les autorités de Damas restent autistes. Kofi Annan aura été précédé par la responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valérie Amos qui a eu des entretiens à Damas avant d'être autorisée à rejoindre Homs. Son objectif est d'obtenir, elle aussi, un accès sans entrave pour l'aide humanitaire. La baronne Amos, cette Britannique qui a représenté la couronne en Australie, a dû essuyer un camouflet en attendant trois jours à Amman un visa syrien qui ne lui a pas été délivré, malgré l'injonction russe. Elle a finalement obtenu le feu vert mais son convoi de vivres et de médicaments a été bloqué aux portes du quartier martyr de Baba Amr, à Homs. Il fallait avant “enterrer et brûler les cadavres et effacer les traces” des crimes du régime “afin que le Cicr ne s'aperçoive de rien”, estime Hadi Abdallah, un militant à Homs de la commission générale de la révolution syrienne. Le Croissant-Rouge syrien tentait de lui faire rebrousser chemin au prétexte que les habitants étaient partis vers des régions où vivres et aide leur sont distribués. La ville tenue par les insurgés est, selon Mme Amos, “totalement dévastée”. L'envoyée de l'ONU poursuit ses prises de contact en Syrie pour essayer de trouver un arrangement permettant un accès humanitaire. La veille de la visite de Kofi Annan, à New York, les membres permanents occidentaux du Conseil de sécurité, ainsi que le Maroc qui représente les pays arabes ont commencé à discuter avec la Russie et la Chine d'une nouvelle résolution. Un texte proposé par les Américains exigeant “un accès humanitaire sans restriction” (…), condamnant “les atteintes nombreuses, systématiques et flagrantes aux droits de l'homme” et réclamant la remise en liberté “de toutes les personnes détenues de façon arbitraire”. Un texte bien faible dont la Russie, qui verrouille toute initiative allant à l'encontre des intérêts de Damas, ne pourrait que se féliciter. La clé d'une sortie de crise demeure en effet à Moscou. Mais les espoirs d'un assouplissement de la position russe après les élections du 4 mars ont déjà été douchés. Vladimir Poutine a répété que sa position ne varierait pas. La question d'un asile politique de Bachar el-Assad en Russie est un non-sujet, devait indiquer Poutine dès les clefs du Kremlin récupérées. Enhardi par le soutien ferme de Moscou, Bachar al-Assad a intensifié la répression dans les villages et quartiers de villes conquis par les insurgés. Après la chute le 1er mars de Baba Amr, la bataille se joue présentement dans les banlieues de Damas, les quartiers populaires de Qaboun, de Qara et Yabroud ou l'armée est déployée avec véhicules blindés, hélicoptères et forces spéciales, alors que les accès à la capitale étaient bloqués. La Chine qui a utilisé son droit de veto par deux fois pour sauver Bachar al-Assad à présenté une initiative en six points pour une solution politique en Syrie, qui prévoit entre autres l'arrêt immédiat de la violence et l'ouverture d'un dialogue entre le régime et l'opposition. L'initiative rejette en revanche toute ingérence étrangère ou actions extérieures pour un changement de régime. D. B