Des centaines d'artisans, affiliés à la Chambre nationale de l'artisanat et des métiers, ont déjà mis la clé sous le paillasson. Ils sont boudés par la majorité des P/APC et peu considérés par le ministère de tutelle, à savoir celui du Tourisme. Ils souffrent également des problèmes de statut, d'impôts et d'absence de matière première. Tel est le constat dressé, hier, par l'Union générale des commerçants et artisans algériens lors d'une rencontre d'évaluation organisée en son siège. Le chargé de communication de cette organisation, Djamel Ghazali, a déploré le manque de complémentarité entre l'Union et les présidents d'APC afin de dégager des espaces pour l'organisation d'expositions-ventes. « Certains présidents d'APC refusent tout ce qui vient de l'UGCAA », a regretté M. Khazali, reconnaissant, tout de même, que certains d'entre sont « plus que coopératifs ». Pour sa part, le président de la Fédération des artisans de l'artisanat traditionnel (FAAT), Reda Yaici, a indiqué que les artisans jouent un rôle très important dans le développement du tourisme et contribuent également à la création d'emplois. Il a estimé que « les traditions et le patrimoine sont la fierté d'un pays ». Depuis la création de la FAAT, en janvier 2013, la Fédération a organisé 31 activités au niveau national. M. Yaici a toutefois, déploré la rareté et la cherté de la matière première ainsi que le manque d'occasions et d'espaces pour l'écoulement de leur production. Mme Amina Youcef Khadidja, artisane, a évoqué les problèmes auxquels font face les artisans dans l'exportation de leurs produits. « Nous ne devons pas mettre les exportateurs et les artisans dans le même panier. Nous ne pourrons jamais nous aligner à nos voisins tunisiens ou marocains si nous soumettons les deux corporations au même régime d'exportation », a-t-elle soutenu. Les autorités de ces deux pays accordent toutes les facilités possibles pour que leur artisanat soit « compétitif ». Un artisan de La Casbah a souligné, de son côté, qu'il a une expérience de 52 ans dans la fabrication des objets décoratifs et utilitaires avec des feuilles de cuivre. Ce métier est son gagne-pain et sa passion. « Je fais ce métier avec beaucoup d'amour. J'ai grandi avec lui et j'ai pu faire vivre ma famille avec mes modestes recettes », a-t-il indiqué. Pour lui, « le problème qui se pose n'est autre que le manque de matière première ». Une autre artisane, venue de Boumerdès, a regretté le fait que « les artisans soient considérés comme les autres commerçants en matière d'imposition ». Elle a expliqué que le volume des recettes de l'artisan ne sont pas les mêmes que celles des autres commerçants. « Au lieu d'encourager l'artisan et lui apporter de l'aide, sachant qu'il sauvegarde le patrimoine national et qu'il est l'ambassadeur de notre culture à l'étranger, on le casse avec les impôts », s'est-elle écriée. Elle a aussi insisté sur la rareté et la cherté de la matière première d'où l'impact négatif sur les prix des produits finis. Par amour à ce métier, les artisans interpellés ont affiché leur détermination à sauvegarder le patrimoine national. Ils demandent surtout la multiplication des manifestations commerciales à travers le territoire national. Abbas A. H.