Les pourparlers ayant réuni, hier, à Genève, autour de la même table, les délégations de l'opposition et du gouvernement, sous l'égide de l'émissaire international Lakhdar Brahimi n'ont pas été fructueux. L'atmosphère demeure « négative » et aucune avancée n'a été enregistrée au cours des discussions qui ont débuté lundi, chaque camp campant sur ses positions. M. Brahimi a jugé « laborieux » le début du nouveau cycle de discussions en admettant « ne pas accomplir beaucoup de progrès » non sans appeler les deux camps « à faire de ce processus une réalité et à aider la Syrie à sortir de ce cauchemar que son peuple vit depuis presque trois ans ». Le porte-parole de l'opposition, Louai Safi, a averti que sa délégation ne participerait pas à une troisième session si aucun progrès n'intervenait pas. Il annonce avoir présenté à l'émissaire international une feuille de route comprenant une vingtaine de points relatifs à la mise en œuvre d'un gouvernement de transition. Côté gouvernement, pas question de renoncer. « Le gouvernement syrien et sa délégation ne reculeront pas d'un pouce et resteront même si les autres s'en vont. La Syrie va rester à cette conférence », a assuré le vice-ministre des Affaires étrangères, Faysal Mokdad. Dirigée par le chef de la diplomatie, Walid al Mouallem, la délégation du gouvernement a demandé une nouvelle fois « que la fin des violences et du terrorisme, avec l'obligation pour les pays qui le soutiennent de cesser leur politique, soit le premier point sur lequel nous nous mettions d'accord. » Une position soutenue par son principal allié, la Russie, dont le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a affirmé, hier, que les négociations de Genève 2 « doivent aboutir à la mise à terme du terrorisme en Syrie » à l'issue d'une conférence de presse commune à Moscou avec son homologue algérien Ramtane Lamamra. « Nous espérons que ce round mettra fin à l'extension du danger terroriste, du déplacement des terroristes et de l'envoi des armes via les frontières », a-t-il déclaré en appelant à une « trêve » pour acheminer les aides aux zones et aux localités assiégées. Le chef de la diplomatie russe a saisi l'occasion pour rejeter le projet de résolution présenté par la France au Conseil de sécurité sur la situation humanitaire en Syrie, qui est « absolument inacceptable ». « On a l'impression qu'on tente d'utiliser le thème de la situation humanitaire, comme il n'y a pas si longtemps celui des armes chimiques, pour trouver un prétexte à l'arrêt du processus politique, à des accusations contre Damas et au retour au scénario militaire pour changer le régime », a-t-il souligné. Si aucun accord ne permet de déterminer lequel de ces deux points (terrorisme ou gouvernement de transition) sera abordé en premier, M. Brahimi dit qu'il les présentera ensemble et qu'ils seront abordés parallèlement. Devant l'impasse, Moscou tente de faire bouger les lignes. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Bogdanov, propose que les diplomates russes et américains se joignent à leurs collègues de l'ONU pour une rencontre conjointe avec les deux délégations syriennes aux pourparlers. Vendredi, une réunion aura lieu entre M. Brahimi, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, et la Secrétaire d'Etat adjointe, Wendy Sherman, pour faire le point sur ce second round.