« Les rebelles dans la région soudanaise du Kordofan ne veulent pas la paix », assure Abdel Rahim Mohammed Hussein, le ministre soudanais de la Défense, au lendemain de pourparlers en Ethiopie sous l'égide de l'Union africaine. « Nous espérions que les négociations à Addis-Abeba ouvriraient la voie à la paix dans les deux régions du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu », affirme le ministre de la Défense devant un millier de soldats réunis lors d'une conférence. « Mais il y a d'autres personnes qui veulent quelque chose de différent », a-t-il déploré sans nommer directement les rebelles du SPLM-N, branche nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (ex-rébellion sudiste), qui est aux prises avec les forces gouvernementales dans ces deux Etats depuis près de trois ans. « Nous avons à cœur de faire la paix », a assuré M. Hussein, mais « ils ne veulent pas la paix et la sécurité dans ces deux régions », a-t-il poursuivi. « L'armée est prête à mener une offensive, annoncée en novembre, contre la rébellion » dit-il. « Les pourparlers sont bloqués, et nous ne pouvons avancer en raison de l'intransigeance du gouvernement de Khartoum », déclare Yassir Arman, chef de la délégation du SPLM-N. Khartoum veut « maintenir cette guerre sans trouver de solution à la situation humanitaire et à la situation politique », dit-il. Ibrahim Ghandour, qui dirige la délégation soudanaise, dément que les pourparlers soient paralysés. « Khartoum est prêt à poursuivre le dialogue pour parvenir à une solution acceptable pour les deux parties », dit-il, précisant que les négociations devraient être consacrées aux aspects sécuritaire, politique et humanitaire. Les Nations unies ont demandé au gouvernement et aux rebelles de décréter un cessez-le-feu immédiat pour pouvoir secourir plus d'un million de civils affectés par les combats. Au Darfour, la situation n'est pas meilleure. 29 personnes ont été blessées quand la police a ouvert le feu sur des manifestants qui s'opposaient à une conférence organisée par l'Autorité régionale du Darfour. Le Soudan, qui connaît une grave crise économique, notamment en raison de la raréfaction des devises depuis l'indépendance en juillet 2011 du Soudan du Sud qui l'a privé de près de 75% de ses ressources pétrolières, tiendra-t-il longtemps ?