Des rebelles soudanais proches d'un parti interdit ont forcé les troupes soudanaises à se retirer d'une ville garnison au Kordofan-Sud après de violents combats, a affirmé, avant-hier, le secrétaire général du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM-Nord), Yasser Arman. M. Arman a parallèlement demandé au gouvernement de relâcher plus de 140 dirigeants du SPLM-Nord, branche nordiste de l'ex-rébellion sudiste au pouvoir au Soudan du Sud indépendant depuis le 9 juillet. M. Arman a également accusé Khartoum de crimes de guerre pour avoir refusé l'aide humanitaire au Nil Bleu et au Kordofan-Sud, frontaliers du Soudan du Sud et bastions du SPLM-Nord. Les bombardements aériens visant principalement la population civile dans le Nil bleu et le Kordofan-sud se poursuivent, a affirmé M. Arman par téléphone depuis Londres. Hier (dimanche), le SPLM a été attaqué par l'armée soudanaise près de Talodi. Il y a eu des combats violents et l'armée a été repoussée par le SPLM-Nord. Résultat, le gouvernement a perdu trois avant-postes de sa garnison à Talodi. Nos forces assiègent maintenant Talodi, a-t-il ajouté, sans évoquer d'éventuelles victimes. Sawarmi Khaled Saad, porte-parole militaire, a affirmé que l'armée avait seulement répliqué après que le SPLM a tenté de perturber la sécurité à Talodi. Il est pratiquement impossible de confirmer ces violences de source indépendante, la mission de maintien de la paix de l'ONU ne s'y trouvant plus depuis juillet et les ONG étant interdites d'accès. Le conflit a commencé en juin dans le Kordofan-Sud après des élections locales contestées entre le parti au pouvoir à Khartoum et le SPLM-Nord. L'insistance de l'armée à expulser ou à désarmer de force des éléments du SPLM serait à l'origine des combats, qui ont débordé dans le Nil bleu voisin début septembre. Peu après, le président Omar el-Béchir a déclaré l'état d'urgence dans le Nil bleu et démis le gouverneur SPLM-Nord de ses fonctions. Le parti a lui été interdit et des dizaines de ses membres arrêtés. Avant-hier, trois députés du SPLM-Nord ont démissionné du Parlement, accusant Khartoum de nettoyage ethnique contre l'ethnie Nouba, qui aurait conduit à la mort de 2.132 personnes. Cinq cents personnes fuient des Monts Nouba au Kordofan-Sud vers l'Etat d'Unité, au Soudan du Sud, avait annoncé dimanche le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha). Elles sont très vulnérables, certains ont marché avec leurs enfants pendant deux semaines, a précisé l'Ocha. Avant-hier, le vice-président soudanais Ali Ousmane Taha s'est rendu à Kadougli, capitale du Kordofan-Sud, pour l'ouverture de l'Assemblée locale, où plus de 50 membres du SPLM-Nord étaient absents: Ceux qui déposeront leurs armes seront les bienvenus. Et ceux qui voudront retrouver leur siège dans ce Parlement aussi, a-t-il déclaré.