Des représentants de la rébellion darfourie et une délégation soudanaise se sont donné rendez-vous au Qatar pour tenter de trouver une issue au conflit. Le gouvernement de Khartoum et le groupe rebelle le plus actif du Darfour ont entamé hier des pourparlers au Qatar avec l'ambition de préparer une conférence de paix sur cette région du Soudan dévastée par la guerre civile. La rencontre entre le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) et une délégation soudanaise est la première depuis des discussions tenues en 2007 en Libye et qui n'ont pas abouti. D'entrée de jeu, le représentant du JEM, Jibril Ibrahim, a posé comme conditions la participation de son mouvement au gouvernement central de Khartoum et le démantèlement des milices pro-gouvernementales au Darfour. «L'ordre approprié dans nos négociations doit être le suivant: commencer par instaurer des mesures de confiance, lancer une déclaration de bonnes intentions et s'attaquer aux sujets de contentieux», a déclaré le chef rebelle. Parmi les mesures de confiance, il a cité la libération des prisonniers du JEM et la garantie d'une distribution sans difficulté de l'aide humanitaire. Il a ajouté que le JEM exigeait de «conserver ses combattants au Darfour pendant une période transitoire avant un accord final qui permettrait de les intégrer dans les forces régulières». Le JEM veut aussi «une réduction des forces gouvernementales (au Darfour), le démantèlement des milices (pro-gouvernementales) et une participation au plus haut niveau au pouvoir à Khartoum». Nafie Ali Nafie, assistant du président soudanais Omar Al-Bechir et chef de la délégation du gouvernement, s'est contenté quant à lui de réaffirmer la «détermination du Soudan de poursuivre la marche vers la paix» au Darfour. Pour répondre à la présence de ce haut responsable de Khartoum, le JEM a annoncé la venue de son chef, Khalil Ibrahim, à Doha pour se joindre aux débats. Les pourparlers de Doha, sous l'égide du Qatar, l'ONU, l'Union africaine et la Ligue arabe, ont été qualifiés de préliminaires et ont pour objectif de préparer une éventuelle conférence de paix sur le Darfour. La guerre civile au Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan, a fait 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés depuis 2003 selon l'ONU. Khartoum chiffre à 10.000 le nombre de morts. Les deux parties vont travailler sur un document élaboré par les médiateurs auquel M.Nafie a dit souhaiter apporter des «modifications» sans les préciser. Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al-Khalifa, a souhaité, à l'ouverture des pourparlers, que d'«autres groupes rebelles du Darfour se joignent aux négociations» de paix souhaitées. Le Darfour compte une myriade de groupes rebelles parmi lesquels seule une faction a signé la paix avec Khartoum en 2006, celle de Minni Minnawi de l'Armée de libération du Soudan (ALS). Une faction de l'ALS conduite par Abdel Wahid Mohammed Nour, exilé à Paris, refuse tout pourparler de paix en tablant sur l'aboutissement de la procédure judiciaire internationale contre le président soudanais Omar Al- Bechir, menacé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI). Le représentant du JEM a affirmé que la participation de son mouvement aux pourparlers de Doha ne signifie pas qu'il ne souhaite plus l'aboutissement de la procédure de la CPI alors que M.Nafie a qualifié cette procédure de «signe négatif» pour la recherche de la paix au Darfour.