Echaudée, comme sa collègue allemande, par les agissements « inamicaux » et « inélégants » des renseignements américains qui ont écouté ses conversations téléphoniques, la présidente brésilienne n'a pas mis beaucoup de temps pour saisir au bond la balle que lui lançait le patron de l'Icann, juste après la rencontre de Montevideo, le 7 octobre dernier. D'après le site Governance Project, relayé par celui du quotidien français www.lemonde.fr, juste après la rencontre dans la capitale uruguayenne, « le président de l'Icann, Fadi Chehadé, a rencontré la présidente brésilienne, Dilma Rousseff, pour lui demander d'assurer le leadership dans la mise en place d'une nouvelle gouvernance d'internet plus égalitaire. » Ce à quoi Mme Rousseff a répondu, selon les mêmes sources : « Nous avons décidé que le Brésil accueillera, en avril 2014, un sommet international de gouvernements, d'industriels et d'académiques. » L'implication du Brésil est facilement compréhensible dans ce contexte d'espionnage massif des communications électroniques, dans lequel les Etats cherchent les meilleures solutions pour se mettre à l'abri. Mais, des analystes y décèlent également un enjeu des relations internationales qui se dessine de plus en plus, notamment depuis la scission, de décembre 2012, apparue lors du sommet de l'UIT sur le règlement international des télécommunications, au sujet justement de la gouvernance de l'internet. « Ce sommet, écrit le site du quotidien français, a vu les Etats-Unis et les « grands émergents » (dont la Russie) lutter pour le contrôle d'internet, avec en toile de fond le risque de voir certains pays non-démocratiques « nationaliser » leurs réseaux. » Le dilemme est de plus prononcé entre d'un côté, une mainmise des Etats-Unis avec des usages pas tout à fait « rationnels » de la ressource internet, et de l'autre, des velléités de pays soucieux de pratiquer leur souveraineté sur internet pour des motifs parfois acceptables (lutte contre les différentes déviances de contenus), d'autres fois non avoués parce que moins acceptables (censure politique).