Le sud de l'Algérie attire toujours les visiteurs aussi bien nationaux qu'étrangers. Les nationaux y goûtent l'atmosphère d'un air sec, loin de l'humidité du Nord. Un vecteur de santé et de longévité fortement courtisé par les populations autochtones. Et les étrangers à la contrée en sont aujourd'hui contaminés, particulièrement ces Occidentaux qui, en plus de trouver le dépaysement et l'évasion tant recherchés, font le plein de vitamines avec ce soleil à plein temps. Mais, car il y a un mais, ces touristes seraient tellement plus nombreux à venir passer de longs séjours si les conditions de sécurité étaient réunies. Car une frilosité est encore ressentie malgré les assurances des pouvoirs publics quant à la sécurisation de cette partie du pays qui tend les bras à ses visiteurs. Ces derniers auxquels on garantit hospitalité et paix qu'ils ont toujours goûtées avec bonheur dans les années 1970 et 1980. L'âge d'or du tourisme saharien où les touristes étrangers pouvaient même dresser leurs tentes en toute sécurité dans les dunes ou aux abords des oasis. Et la décennie noire vécue par notre pays a quelque peu cassé cette affluence particulière vers le Sud, que ce soit à ses portes où à son extrême, même s'il faut noter que certains aventuriers ont tenté le voyage dans une région qu'ils ont découverte, aimée suffisamment, pour y revenir malgré tout au cours des années 1990 et 2000. C'est qu'ils devaient être des inconditionnels des charmes du Sahara pour avoir bravé cette barrière qui s'est dressée devant eux. Il faut reconnaître que lorsqu' on a connu le désert, ses silences disants, ses panoramas inouïs de grandeur, le large sourire hospitaliers de ses populations, l'attirance est telle que toute résistance reste vaine. C'est ce que commencent à comprendre les gens du pays du Nord qui ont tant besoin de ce calme. De l'immensité des espaces, pour pouvoir se ressourcer. Une véritable coupure alors d'avec une quotidienneté de plus en plus stressante, sans âme, sans attrait. Un grand besoin de fuir cette pression se fait ressentir et les Algériens, faute de pouvoir se payer un voyage à l'étranger, se tournent vers le Sahara dont on a de cesse de chanter la magie. Et La direction Sud s'avère la destination à suivre, même si elle reste encore sur les rails du développement touristique qui manque tant. Avec, en prime, ce rapport qualité-prix qui n'est toujours pas pris en compte. Parce qu'en toute saison, les villes du sud algérien offrent des possibilités de séjours convenables. Et la ville d'El Oued n'est pas en reste. Elle se place même en bonne position par le flux touristique qu'elle reprend à vivre ces dernières années. La ville aux milles coupoles, comme on aime à la surnommer, n'aura pas usurpé sa réputation de région faite pour être découverte. A raison. Avec le dépaysement en plus. La plâtrerie pour retrouver l'âme de Oued Souf L'architecture d'El Oued contraste avec les bâtiments et les rues des villes industrialisées, trop rectilignes et basées sur des normes et des standards identiques. A El-Oued, cette grande oasis offre une architecture traditionnelle et édifiée de la main de l'homme, loin de la machinerie de l'architecture moderne. Ici, les bâtisseurs œuvrent avec passion et engagement. Ils veulent un travail bien fait, solide et durable. La preuve, c'est que ces coupoles légendaires d'El-Oued datent de plusieurs siècles et restent encore debout et résistent à l'usure du temps. Ces artisans du passé ont ainsi laissé un brillant héritage pour les générations actuelles et futures et, ce faisant, provoqué l'admiration des touristes étrangers. Il est bien dommage qu'actuellement la ville d'El-Oued souffre du manque de compétence de ses ouvriers. Située, pourtant, à plus de 600 km d'Alger, la région tombe dans les travers de l'industrialisation avec ses maux et ses nuisances. Les métiers d'antan sont maintenant délaissés. Ces artisans étaient pourtant le fer de lance de l'artisanat d'El-Oued. La majorité d'entre eux était des plâtriers. Ils avaient l'art de manier ce matériau avec un génie créateur incomparable. Ils alliaient non seulement la solidité de l'édifice mais aussi la valeur esthétique de leur ouvrage. Il subsiste heureusement encore à El-Oued quelques vieux artisans spécialisés dans l'art de manier le plâtre. Ils sont très sollicités dans la ville d'El Oued, parce que maintenant même les habitants de cette ville refusent les habitations modernes sans âme et sans confort, orientant leur préférence vers un retour au passé avec ses empreintes spécifiques au patrimoine architectural singulier d'El Oued. Etre plâtrier des générations passées constitue, aujourd'hui, une situation rentable et rémunératrice. Le métier de plâtrier a été contraint d'évoluer en raison de la venue sur le marché de la plaque à plâtre. De plus en plus la plâtrerie exige des spécialistes de haut niveau qui doivent pouvoir effectuer des travaux de décoration raffinés aussi bien que de la construction avec des produits divers. Aussi, les autorités relevant des travaux publics à El Oued encouragent-elles les jeunes à suivre des formations dans cette spécialité de plâtrier. C'est cela, assurément, l'avenir de cette ville des milles coupoles qui ne pourra affirmer son identité que grâce à la protection et à la sauvegarde de son patrimoine ancestral. C'est, bien sûr, grâce à cette architecture traditionnelle que ces touristes étrangers savourent leurs séjours. Ils aiment se retrouver dans des espaces aux couleurs locales prononcées. Ce penchant vers le traditionnel bien adapté aux villes du désert constitue une des motivations qui les amènent à se tourner vers le Grand sud algérien. Pour le moment, le grand problème demeure l'élimination de la remontée des eaux. Cette problématique est en train de trouver une solution définitive permettant ainsi la réalisation de grands projets d'infrastructures. La wilaya d'El Oued est depuis toujours confrontée au problème lié à la remontée des eaux. Ce ne sera désormais plus le cas, vu que l'Etat a mis le paquet pour mettre fin à ce phénomène. D'autre part, il est à rappeler que le ministre des Ressources en eau avait dernièrement félicité l'expérience menée par l'Algérie depuis trois ans en matière de traitement de la remontée des eaux qu'il qualifie de « référence pour les autres pays ». La nappe phréatique d'El Oued subit une remontée progressive depuis les années soixante pour s'accélérer au début des années quatre-vingt. L'apport en eau alimentant cette nappe devient alarmant et entraîne par conséquent l'inondation de nombreux Ghouts et la mort de milliers de palmiers dattiers. Pour ce faire, l'Etat a débloqué un budget de 31 milliards DA. Un mégaprojet de lutte contre le phénomène de la remontée des eaux dans la wilaya d'El-Oued, lancé en octobre 2005 et achevé en juin 2009, englobe actuellement 18 communes totalisant quelque 480.000 habitants. M. Lachaari Bachir, chef du service hydro-agricole au niveau de la direction des ressources en eau à El Oued explique : « Aujourd'hui, les choses se sont nettement améliorées, exception faite de la région Sidi Bastour (une zone basse). Mais nous déployons des actions continues pour régler cette problématique. Nous avons recours actuellement à une technique qui consiste à drainer le surplus d'eau par des canalisations, parfois à l'air libre, vers des déversoirs à l'écart des centres urbains et leur utilisation en partie en irrigation agricole. » En projet, un réseau d'assainissement couvrira les besoins d'une population de 700.000 habitants, en zones urbaines et rurales des 30 communes de la wilaya d'El-Oued, à l'horizon 2030, ont indiqué des cadres de l'Office national de l'assainissement(ONA). Le projet, décliné en six phases, vise, dans sa finalité, à solutionner définitivement le phénomène de la remontée des eaux, à travers le raccordement des foyers au réseau d'assainissement. La première phase de ce projet d'envergure consiste en l'assainissement actuellement dans 18 communes, dont 12 communes raccordées à un réseau d'assainissement long de 750 km, jalonné de 57 stations de relevage, les six autres communes bénéficiant d'un total de 542 puits individuels de traitement des eaux usées. La Sabkha, une situation prise en charge Aujourd'hui, il est une grande menace sur les palmiers d'El-Oued. Et les raisons sont nombreuses et diverses. Sujet crucial que celui qui met en péril toute une culture, celle du palmier dattier. Et sur lequel s'étale Maachi Laala, directeur des services agricoles de la wilaya d'El Oued qui rassure : « Nous avons, en effet, constaté ces dernières années quelques déperditions des palmiers au niveau de la palmeraie d'Oued Righ. Cette zone potentielle englobe deux daïras « Djama » et « Mghaïr », on compte à peu près 36.000 hectares de palmiers soit 3,7 millions de palmiers. » Détails chiffrés autour desquels ce même responsable donne d'autres éclairages : « Le phénomène de la déperdition est dû essentiellement à deux facteurs. Le premier est lié à la remontée des sels, ce qui nécessite un projet de drainage. Le second élément a trait aux palmeraies qui sont abandonnées totalement par leurs propriétaires, pour des problèmes d'héritage. Dans la plupart des cas, les propriétaires de ces palmeraies sont en désaccord. Donc, chacun compte sur l'autre pour entretenir ces palmiers. Résultat des comptes, les palmeraies restent abandonnées ce qui les amène à la déperdition totale. » Pour endiguer ce phénomène d'absence de prise en charge, le premier responsable du secteur de l'agriculture d'El-Oued nous informe que son département a tracé un programme très « important ». Il s'agit d'une opération de drainage ; c'est-à-dire assécher les surfaces des eaux salées. « Nous avons un programme de 220 km qui concerne la réhabilitation du drainage, on compte le lancer en mai prochain. Nous avons lancé un autre programme, celui de l'ouverture de nouveaux canaux d'une distance de 34 km, l'opération est en étude et prise en charge par la DSA », note-t-il. S'agissant des drains secondaires, ils sont gérés par les services agricoles, les drains tertiaires sont gérés et pris en charge par les agriculteurs, et les drains principaux sont pris en charge par l'ONIP. Ce responsable informe, par ailleurs, que la wilaya d'El-Oued est classée, en terme financier, première à l'échelle nationale sur le plan du volume agricole notamment sa valeur monétaire de la production agricole qui est estimée à 140 milliards de dinars. Ce classement se fait, explique-t-il, par l'indice de comparaison de la valeur monétaire de la production agricole avec ces deux composantes : production végétales et animales. En terme physique, elle est classée première dans la production de la pomme de terre avec un taux de 24% de la production nationale, c'est-à-dire, la wilaya d'El-Oued à elle seule produit 24% de la pomme de terre au niveau national. Le meilleur indice mis en avant est celui de la comparaison entre une commune et une autre, comme celle de Hassi Khelifa qui est située à 30 km du centre-ville. Elle est classée première en matière de production de pomme de terre et en valeur monétaire de la production agricole. « A cet effet, nous avons bénéficié d'un programme d'accompagnement au profit des agriculteurs soit 482 km de piste pour désenclaver les exploitations agricoles, 460 km d'électrification pour alimenter les différents forages électriques, nous disposons de 220 km de drainage pour assainir les eaux salées au niveau des palmeraies d'Oued Righ », illustre-t-il. Afin d'améliorer le service des fonctionnaires du secteur de l'agriculture, la direction des services agricoles de la wilaya d'El-Oued a tracé 5 projets de réalisation des sièges de subdivisions agricoles qui sont en cours de réalisation. « Notre but est d'élargir les superficies agricoles et, par conséquent, améliorer la production agricole. Nous ciblons d'ici 3 à 4 ans une valeur monétaire agricole de 180 milliards de dinars par an, et pour la pomme de terre, nous avons actuellement 35. 000 hectares de pomme de terre avec une production de 12 millions de quintaux, nous comptons atteindre 50.000 hectares en pommes de terre, par an », atteste-t-il. Depuis quinze mois à la tête de la direction des services agricoles de la wilaya d'El-Oued, Maachi Laala a fait démarrer les programmes et a donné un grand coup d'accélérateur à la concrétisation de divers projets. Ce n'est pas tout, il veille à l'amélioration des conditions de travail, mais aussi à l'accompagnement des agriculteurs dans leurs tâches. A El-Oued, l'avenir semble s'annoncer prometteur. Les conditions commencent à se faire attractives, accueil à grande échelle de touristes venant principalement de l'étranger. Il est souhaitable et préférable que la ville d'El-Oued retrouve l'éclat de ses années de gloire qu'elle a connue au début du XXe siècle. A cette époque, ce sont des milliers de touristes issus principalement d'Angleterre, qui venaient passer les vacances d'hiver dans le sud algérien, particulièrement à El-Oued. Pour eux, une unité de la chaîne des hôtels Transatlantique a été édifiée spécialement à El-Oued. Cette unité hôtelière affichait complet durant toute la haute saison, hivernale, accueillant cet afflux touristique venu d'outre mer. El-Oued a ainsi gagné ses lettres d'or en sa qualité de destination privilégiée avec Biskra. Dans les régions du Sud, El Oued, grâce à ses séjours de tourisme étranger, se fait le symbole des oasis du désert. Ses traditions, ses paysages, sa population, en sont l'empreinte, ses attraits particuliers synonymes de dépaysement et d'évasion, essentiels à un afflux plus que souhaité aujourd'hui. Invitation au voyage. El-Oued aux mille coupoles