« Pour aplanir les obstacles qui entravent l'action commune, les relations entre les pays arabes nécessitent une approche sérieuse », déclare Nabil Al-Arabi, le Secrétaire général de la Ligue arabe, à l'ouverture des travaux de la 141e session du Conseil de la Ligue arabe au niveau des ministres des Affaires étrangères, dont Ramtane Lamamra. « Il nous appartient tous de mettre en œuvre ce que prévoit l'article 2 de la Charte de la Ligue, relatif au renforcement des liens entre les pays membres et à la coordination de leurs politiques en faveur de la coopération et de leur souveraineté », dit-il, appelant les pays de la région à « être solidaires » notamment dans la conjoncture actuelle, s'ils veulent « défendre leurs intérêts » et « préserver la stabilité dans la région ». Cet appel sera-t-il entendu d'ici le 25 mars, date du sommet arabe prévu à Koweït et dont l'ordre du jour sera, selon Al Arabi, « riche en questions politiques ». Dont dossier palestinien, la crise syrienne et la réforme de la Ligue. Non à un état juif Le Secrétaire général de la Ligue arabe estime que la question palestinienne a réalisé une avancée importante le 29 novembre 2012 en obtenant le statut de pays observateur à l'Organisation des Nations unies. Il déplore toutefois les défis majeurs qu'elle affronte. « Aussi bien pour ce qui est des négociations que pour les violations et les politiques adoptées par Israël », dit-il. Les ministres arabes des Affaires étrangères ont été unanimes à refuser de reconnaître Israël comme un Etat juif. « Le Conseil confirme son soutien aux autorités palestiniennes dans leur effort pour mettre fin à l'occupation israélienne de terres palestiniennes et souligne son refus de reconnaître Israël en tant qu'Etat juif », déclarent-ils dans un communiqué. « Un tel geste nuirait aux droits des réfugiés palestiniens », disent-ils avant de rappeler que « cette question » fait partie intégrante d'une paix « complète et juste » dans la résolution qu'ils ont adoptée au siège de la Ligue arabe au Caire. Sur leur lancée, ils ont blâmé Israël pour l'embourbement des négociations de paix. Le président Mahmoud Abbas, qui a déclaré il y a une semaine qu'il ne reconnaîtrait jamais Israël comme Etat juif, tiendrait-il après cet appui devant la pression américaine ? Un début de réponse à cette question pourrait venir le 17 mars prochain de Washington. Le président de l'Autorité palestinienne qui rappelle régulièrement que l'Organisation de libération de la Palestine a reconnu l'Etat d'Israël en 1993, et que cela était suffisant, doit rencontrer le président américain Barack Obama. Au menu, le bilan de la médiation menée par John Kerry, le secrétaire d'Etat américain. De l'avis des observateurs, le fossé entre les deux parties ne cesse de s'agrandir depuis juillet dernier, début de cette médiation. Pour illustrer ce fossé, certains citent la dernière exigence de Benyamin Netanyahu : « Les Palestiniens doivent reconnaître Israël comme Etat juif pour démontrer qu'ils veulent la paix ». Cette exigence qui finira, si elle est satisfaite, par établir aussi une discrimination envers la minorité arabe israélienne (21% de la population totale), pourrait, selon des médias américains, figurer dans l'accord que le secrétaire d'Etat américain doit présenter à la fin avril. Dans la région, la rue commence à se demander pourquoi les Israéliens n'ont pas présenté leur « singulière reconnaissance » aux Jordaniens et aux Egyptiens lorsqu'ils ont signé un accord de paix avec eux. Le siège de la Syrie vacant « L'échec des conférences de Genève I et II nécessite une réévaluation de la position vis-à-vis de la solution politique négociée de la crise, fondée sur la déclaration finale de Genève du 30 juin 2012 », dit-il, mettant en garde contre la transformation de la Syrie en champ de règlement de comptes et de conflits. Surtout si le Conseil de sécurité n'arrive toujours pas à assumer ses responsabilités, c'est-à-dire imposer un cessez-le-feu et mettre fin à ce conflit qui dure depuis trois ans. « Il faut trouver, dit-il, une solution devant répondre aux aspirations du peuple syrien à la liberté, au changement démocratique, à la justice sociale et à la bonne gouvernance tout en préservant les acquis, l'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie ». Les ministres ont appelé eux aussi le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités en Syrie où la situation est bloquée depuis l'échec des négociations entre le gouvernement et l'opposition. Nabil Al-Arabi est appelé aussi à poursuivre ses consultations avec le Secrétaire général des Nations unies pour parvenir à un consensus. Et sur la solution politique négociée à cette crise syrienne et sur la formation d'une instance dirigeante de transition qui jouirait des pleines prérogatives exécutives conformément aux recommandations de la conférence de Genève I. « Le siège de la Syrie à la Ligue arabe restera vacant jusqu'à ce que l'opposition parachève l'établissement de ses institutions », déclare Nabil Al-Arabi avant d'inviter Ahmed Jarba, le leader de l'opposition syrienne, à s'exprimer lors du sommet. Le dernier sommet arabe de Doha, en mars 2013, a adopté, au mépris de ses règles de fonctionnement, le principe d'octroyer le siège de la Syrie au sein de la Ligue à l'opposition. L'Algérie et l'Irak ont émis des réserves. Le Liban s'est abstenu. « Sans vouloir imputer la responsabilité du blocage des négociations lors de la conférence de Genève à telle ou telle partie, le Conseil demande au Secrétaire général de la Ligue arabe de poursuivre ses efforts auprès des Nations unies et de son Conseil de sécurité en vue de relancer le processus de paix de Genève », déclare Ramtane Lamamra.