L'Espagne temporise pour de nouveaux achats de gaz algérien et l'Europe ne compte pas se tourner vers l'Algérie pour ses approvisionnements pour l'instant en dépit de la crise russo-ukrainienne, selon le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia Margallo, en visite de deux jours à Alger. Et pour cause, « l'Espagne a un excès de capacité de 50% en gaz. On n'a pas besoin d'importer encore de l'énergie », a expliqué, hier, à Alger, Margallo lors d'un point de presse animé en marge du forum économique algéro-espagnol. « La priorité pour nous est de terminer les connexions (transport de gaz) entre l'Espagne et les autres pays européens à Alicante », a-t-il précisé. En attendant, « le 16 avril prochain, une rencontre européenne aura lieu pour faire le point de la situation ». Il faut attendre, selon lui, la réunion des 5+5 (pays de l'ouest méditerranéen) au mois de mai à Lisbonne pour prendre une décision d'importer du gaz à partir de l'Afrique du Nord sans préciser si l'Algérie serait l'alternative au gaz russe en Europe. L'Espagne est approvisionnée à plus de 50% de ses besoins en gaz algérien alors que la Russie ne constitue que 24% des approvisionnements européens. L'énergie solaire algérienne intéresse fortement les Espagnols Pour l'instant, l'Espagne convoite d'autres secteurs tels que le tourisme, le transport, l'agroalimentaire mais surtout les énergies renouvelables (ENR), en plus de ceux du BTP (bâtiment et travaux publics) et l'eau, selon son chef de la diplomatie. En ENR, le gouvernement espagnol mise beaucoup sur le plan solaire méditerranéen. Dans le tourisme, l'Algérie attend un accompagnement espagnol dans le tourisme écologique. Le mémorandum du 5 mars signé à Alger sera relancé. Dans ce sens, une rencontre aura lieu en novembre prochain sur les investissements dans les infrastructures hôtelières. Dans le même domaine, les technologies de communication et de l'information seront utilisées pour faire la promotion de la destination Algérie avec le concours des Espagnols, a annoncé Margallo. « L'agroalimentaire constitue la deuxième part qui intéresse les exportateurs espagnols », a signalé le ministre. Toutefois, Margallo a insisté sur la règle de partenariat 51/49, instaurée par la loi de finances complémentaire pour 2009, que « le gouvernement algérien devrait amener à part égale, soit 50/50 du capital des entreprises mixtes ». L'argument du ministre espagnol est que « l'Espagne avait une règle similaire mais l'expérience a démontré qu'il est plus facile d'investir sans limitation de capital ». Réponse du secrétaire général du ministère du Développement industriel et la Promotion de l'investissement, El Hadi Makboul : « Cette règle a déjà été revue au profit de la partie étrangère puisque les 51% peuvent être partagés entre actionnaires avec la possibilité qu'une part de ce capital appartienne au Fonds national de l'investissement et de banques algériennes ». Par ailleurs, Margallo a lancé une invitation aux opérateurs algériens pour investir en Espagne en rappelant que son pays compte 4 millions d'étrangers du troisième âge résidents et reçoit 60 millions de touristes annuellement. Andi : Plus d'un milliard d'euros d'investissements espagnols réalisés Selon l'Agence nationale du développement de l'investissement (Andi), l'Algérie a signé 48 conventions d'encouragement et de protection de l'investissement dont celle avec l'Espagne et 27 autres sur la non-double imposition. Les exportations algériennes vers l'Espagne s'élèvent à 10,332 milliards de dollars et les importations à 5,078 milliards de dollars. Ce qui fait de ce pays le premier client de l'Algérie et son troisième fournisseur. Les échanges commerciaux sont passés, entre 2010 et 2013, de 8,5 mds de dollars à 15,5 mds de dollars, selon Makboul. Actuellement 269 entreprises espagnoles sont installées en Algérie. Enfin, le ministre du Tourisme, Mohamed Amine Hadj Said, a annoncé que « la sixième rencontre sur la politique de bon voisinage se tiendra à Madrid au cours du quatrième trimestre 2014 ».