La journée du savoir sera célébrée aujourd'hui à travers le territoire national. Ce jour-là, on célèbre avec faste la date du décès de l'imam Abdelhamid Ibn Badis, le 16 avril 1940. Son portrait trône dans tous les établissements exhortant par des vers ou des citations à la quête du savoir et à la préservation de l'identité. L'homme fut, dans les années 30 et 40, une figure importante à la fois politique et intellectuelle sur la scène nationale. Au-delà de la fidélité à la mémoire de cet homme, la date demeure une occasion pour mesurer les avancées réalisées par la société algérienne en matière de transmission du savoir. C'est dans ce noble combat que s'était engagé Ibn Badis alors que la société, du moins la majorité, n'avait pas accès au droit à l'éducation. On ne cessera pas de rappeler le rôle que jouèrent les medersas qui furent ouvertes par l'association, dont il fut le premier président, dans différentes régions du pays. Elles permirent à de nombreux Algériens, dont des femmes comme Mme Zhor Ounissi ou la fille de Cheïkh Larbi Tebessi de s'instruire. Dans ses mémoires, Ahmed Taleb Ibrahimi rappelle, lui qui fut élève de la medersa Dar El Hadith de Tlemcen, l'apport de celle-ci dans la promotion du savoir et la synthèse réussie, selon lui, entre l'attachement à l'authenticité et l'ouverture à l'universalité. L'association, née une année après la célébration du centenaire de la colonisation vécue alors par les « indigènes » comme une agression et une provocation, allait au-delà de la satisfaction de ce droit élémentaire. L'association fut, par ses prises de position et sa presse vigoureuse, un bouclier contre l'œuvre de dépersonnalisation entreprise par le colonialisme français qui avait interdit la langue arabe et encourageait le charlatanisme religieux à travers un réseau se zaouïas. Ce n'est pas un hasard si toutes les autres personnalités politiques comme Ferhat Abbas ou Messali, qui militaient pour d'autres horizons politiques et prônaient d'autres moyens et stratégies de lutte, rejoignaient Ben Badis sur la nécessité de contrer l'œuvre de destruction programmée de son identité. Le Dr Amar Talbi, vice-président de l'association des ulémas musulmans algériens, ne cesse de rappeler le rôle pionnier de l'association dans la diffusion du savoir durant la période coloniale. Présidée depuis l'an dernier par Abderazak Guessoum, elle continue l'enseignement de l'association même si la définition de l'identité nationale n'est plus le prolongement et la traduction de ses credo mis en avant dans un autre contexte historique. Depuis l'indépendance, la langue arabe a retrouvé droit de cité. Elle est enseignée quasi exclusivement dans tous les paliers de l'enseignement. Elle a sa place entière dans le monde des médias, la vie institutionnelle. En marge d'une cérémonie organisée par la commission de wilaya en charge de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle au palais de la culture Moufdi-Zakaria, Mihoubi, président du Haut-Conseil de la langue arabe, a insisté sur l'importance de préserver et de développer les acquis réalisés dans le domaine éducatif en Algérie. Une abondante production culturelle dans cette langue traduit désormais les réalités et les aspirations de la société. L'islam, l'autre pilier de l'identité nationale, a été honoré de diverses manières. On ne compte pas les mosquées qui ont été édifiées en Algérie et les sciences religieuses ont trouvé une large place tant dans les universités dont celle de l'Emir-Abdelkader dédiée aux études approfondies. Azzeddine Mihoubi a affirmé, lundi dernier, que la promotion et l'utilisation de la langue arabe dans tous les domaines est désormais une « nécessité » pour préserver l'identité des générations futures. A l'ère d'une mondialisation qui nivelle les identités et d'une religion pervertie par l'extrémisme, l'apport de Ben Badis en matière d'exégèse, de définition des concepts comme la patrie, l'authenticité, n'est nullement à ranger dans les tiroirs de l'oubli.