Face à la vague de protestation, initiée par des étudiants rapidement rejoints par l'opposition, la main tendue du président Nicholas Maduro, dénonçant préalablement les « tentatives de coup d'Etat » traduit une volonté d'apaisement pour dégager une démarche consensuelle sur la crise sécuritaire, politique et économique. Après deux semaines de manifestations contre l'insécurité notamment à Caracas, mues en protesta contre la cherté de la vie et les pénuries, la voie du dialogue est privilégiée. Elle est confortée par la rencontre entre le président Maduro et l'opposition qui ont convenu d'une rencontre préparatoire, regroupant, il y a 2 jours au palais de Miraflores, le vice-président Jorge Arreaza, et le secrétaire exécutif de la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD), Ramon Guillermo Aveledo, représentant des partis de droite, des conservateurs et des « chavistes » contestant notamment les méthodes répressives. Sur la table des négociations, les revendications de l'opposition portent sur la « loi d'amnistie » des personnes arrêtées (175 dont 2 maires et un dirigeant de l'opposition Leopoldo Lopez) et le désarmement des groupes paramilitaires présentés comme étant proche du pouvoir. « Que justice soit rendue en ce qui concerne les cas de torture et de répression » par les forces de l'ordre, avait plaidé, lundi, le gouverneur Henrique Capriles, une figure emblématique de l'opposition et candidat malheureux à la présidentielle d'avril 2013. Cette exigence a été toutefois rejetée par le président Maduro réfractaire à toute forme d'« impunité ». Pour autant, grâce aux efforts de l'Union des nations sud-américaines, née en 2008, le compromis a consacré la publicité des débats et la présence des « facilitateurs » (les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de Colombie, de l'Equateur, et le secrétaire d'Etat du Vatican) en contrepartie de l'abandon par l'opposition du préalable de la libération des prisonniers faisant craindre un moment la résurgence d'une impasse. Le réexamen du dossier des prisonniers sera effectué, notamment pour Ivan Simonovis, condamné à 30 ans de prison pour la mort de deux manifestants lors du coup d'Etat de 2002 contre Hugo Chavez. Sur le dossier épineux de l'insécurité, l'opposition s'est finalement ralliée au plan gouvernemental « Patrie Sécurité » de lutte contre la délinquance rejeté jusqu'alors par les régions sous son administration. Mais, si l'insécurité est le facteur déclencheur du mouvement actuel, la situation économique est prégnante : une inflation annuelle de plus de 57% et des pénuries croissantes touchant 18 des produits de base. La riposte de Maduro se conçoit dans la « grande offensive économique » contenue dans le « Plan pour l'approvisionnement complet », lancé mardi au moment de la reprise du dialogue. Dans un discours, il s'est engagé « à vaincre l'inflation », à « promouvoir les prix justes » et une réforme fiscale prévoyant une meilleure répartition de l'impôt. Le modèle vénézuélien est interpellé par deux enjeux cruciaux : la stabilité et le développement.