La sous-directrice des risques majeurs auprès la direction générale de la Protection civile, Kheïra Bradaï, explique, dans cet entretien, que la sécurisation de l'environnement et la sécurité du citoyen constituent la priorité de la DGPC qui a mis tous les moyens pour la réussite du Schéma wilaya d'analyse et de couverture des risques (Swarc). Il s'agit d'une démarche scientifique qui définit des orientations de la politique de la Protection civile, principalement en termes de couverture opérationnelle des unités, d'effectif global de matériel et de formation spécifique à chaque wilaya. Quelle est la définition d'un risque majeur ? Le risque majeur est la probabilité qu'un phénomène d'origine naturelle ou industriel entraîne un nombre de victimes important ou des dommages économiques ou environnementaux considérables. Un risque majeur se caractérise par sa faible fréquence mais avec des enjeux humains, économiques, environnementaux importants et vulnérables. Quel est exactement l'apport du Swarc ? Le Swarc est un outil d'analyse qui dresse l'inventaire des risques de toute nature sur l'étendue de chaque wilaya auxquels doivent faire face les éléments de la Protection civile, outre le fait qu'il détermine les objectifs de couverture de ces risques. Le Swarc est également un moyen de réflexion et d'orientation dans les domaines du recrutement, de la formation des personnels, des plans d'acquisition de matériels et, surtout, d'implantation de nouvelles unités d'intervention ou de redéfinition des secteurs déjà existants. Il a pour objectifs aussi de proposer un plan d'implantation des unités de la Protection civile, un plan d'équipement des unités d'intervention, un plan de recrutement de personnel spécialisé et un plan de formation. Cette démarche a été introduite au niveau des 48 wilayas. Elle consiste à faire une analyse des interventions par unité et par commune, tout en tenant compte de la répartition de la population sur le territoire de la wilaya des risques courants et des risques majeurs par commune. Il s'agit aussi de dresser un inventaire des moyens matériels et humains existants et d'améliorer la formation des agents et officiers répartis dans ces unités. Ces formations sont effectuées par unité et par spécialité afin de faire ressortir le déficit en matière d'équipements, d'infrastructures et de formation spécialisés en fonction des risques les plus courants dans chaque wilaya (risques majeurs ou courants). Qu'en est-il du classement des risques majeurs en Algérie ? Notre pays est vulnérable aux dix risques majeurs, selon la nouvelle typologie des risques majeurs, dont cinq technologiques et les autres naturels. Nous pouvons citer quelques-uns tels les séismes, les inondations, les catastrophes industrielles et énergétiques, les risques radiologiques et nucléaires. Aussi, sur la base des statistiques d'intervention et de l'historicité des risques au niveau de chaque wilaya, une géographie des répartions en a été établie. Chaque région a ses propres risques. Est-ce que vous avez prévu un matériel spécifique ? Il faut savoir que l'objectif recherché à travers cette étude est de faire ressortir le déficit en matière d'implantation des unités de la Protection civile pour couvrir un secteur d'intervention. Aussi, il y a lieu, à ce niveau de couverture opérationnelle, de déterminer si les moyens matériels existant au niveau des unités d'intervention sont adaptés aux risques au niveau du secteur d'intervention afin de répartir le matériel à ses missions spécifiques. On travaille actuellement en collaboration avec l'Institut national de la planification pour définir les ratios nationaux afin de répartir les moyens d'intervention de manière rationnelle. Quant à la couverture des risques majeurs, il s'agit de faire l'inventaire des moyens matériels existant au niveau de chaque wilaya à mobiliser en cas de catastrophe majeure et de proposer une meilleure couverture en matière d'effectifs et de moyens. Il est prévu, également, à travers cette étude, la création d'unités spécialisées par type de risques majeurs dans chaque wilaya. L'évacuation sanitaire vient en tête des interventions de la Protection civile. L'institution a-t-elle les moyens pour mener ce genre de secours ? Selon la répartition des interventions, 90% des ambulances sont mobilisées pour l'évacuation sanitaire. D'après l'analyse des risques courants, nous avons constaté que les deux engins sollicités par la population sont l'ambulance et le fourgon pompe. A cet effet, la direction générale de la Protection civile ne cesse de renforcer chaque année les unités d'intervention en matière d'équipement et d'implantation des unités d'intervention et surtout de recruter et de former des agents et officiers pour répondre à la sollicitation des citoyens car l'objectif recherché à travers cette étude et le bien-être du citoyen. N. B. Les grandes catastrophes en Algérie Séismes : El Asnam 1954 (1.250 morts), 1980 (2.600 morts, 10.000 blessés). Inondations : Sétif 1981 (44 morts, 50 blessés, 365 familles sinistrées). Tempêtes et vents violents : 12 cas constatés ayant détruit le port de Skikda (dégâts estimés à 7 millions de dollars). Explosion : Skikda 2004 (27 morts, 74 blessés). Séisme de Boumerdès et inondations de Bab El-Oued.