Les unités opérationnelles de la Protection civile ont effectué 981 interventions en 2013 pour l'extinction des feux industriels dans plusieurs wilayas, qui ont causé 10 décès et 82 blessés. Le plus grand nombre d'interventions a été effectué au mois de novembre avec 127 cas, suivi du mois de septembre avec 114 cas et 102 autres cas en août. En outre, plusieurs incendies se sont produits durant les premiers mois de l'année en cours. « Il s'agit de signaux d'alarme qu'il faut prendre au sérieux », a souligné la Direction générale de la Protection civile (DGPC) qui précise qu'il est urgent de prendre des mesures « afin d'éviter d'avoir à gérer une catastrophe majeure à laquelle nous ne sommes pas encore réellement bien préparés ». En effet, l'enquête diligentée par les services de la Gendarmerie nationale sur l'incendie d'usines à Chéraga, à l'ouest de la capitale, a fait ressortir que leurs propriétaires « ne possédaient pas d'autorisation d'exploitation ». Une information qui nous a été confirmée par le directeur de l'environnement de la wilaya d'Alger, Messaoud Tebbani. Les services de prévention de la Protection civile ont fait un constat des plus alarmants au sujet des installations industrielles, notamment les risques d'incendie et d'explosion au niveau des zones industrielles et des installations classées. En premier lieu, le constat fait état de la « prolifération » des pôles industriels à proximité des agglomérations, « ce qui constitue des sources de dangers potentiels ». Selon le rapport établi sur les conclusions des interventions des unités opérationnelles de la PC, la majorité des installations présente d'autres défaillances, notamment le fait qu'elles sont implantées dans des zones fortement inondables. Le rapport fait aussi état de « l'absence de mise en conformité pour la quasi-totalité des installations classées et l'inexistence de réseaux ou de réserves d'eau d'incendie et d'équipes de première intervention formées et dotées de moyens de protection ou de lutte ». En outre, les équipes d'intervention ont constaté l'inexistence des plans nécessaires pour la sécurisation des lieux, à savoir les plans d'intervention, les plans d'assistance mutuelle (PAM) pour les établissements implantés, dans leur majorité, dans des zones industrielles et d'activité. Le rapport soulève les difficultés auxquelles sont confrontés les sapeurs pompiers lors des incendies d'usine, ce qui retarde l'extinction du feu. Il est également fait état de l'absence d'aménagements favorisant l'intervention des services de secours, notamment au niveau des zones industrielles, tels que les voies et les points d'accès. « Les plans de circulation n'existent pas dans les zones contrôlées », précise la Protection civile. Le rapport relève aussi l'incompatibilité des activités au niveau d'une même zone. Il cite l'exemple de l'implantation de ports secs à containers à proximité d'installations sensibles. Les recommandations de la Protection civile Face à cette situation alarmante, la Direction générale de la Protection civile appelle à la mise en place d'un plan d'action urgent, qui portera essentiellement sur la sensibilisation des ministères concernés par la sécurisation des installations économiques et industrielles. « Il est nécessaire d'inviter l'ensemble des corps de sécurité à instruire leurs services exécutifs en vue de l'application des recommandations relatives à l'atténuation des risques d'incendie et d'explosion au sein des installations industrielles », souligne le même document. La DGPC revient sur le rôle des commissions chargées des installations classées et exige leur réactivation ainsi que la multiplication des visites de prévention. Les industriels y sont directement concernés. « Il est nécessaire d'inciter les industriels à respecter les mesures de sécurité et de prévention édictées par les différents services compétents. » Dans ce sillage, la DGPC a recommandé l'installation au niveau des grandes agglomérations et des zones industrielles et d'activité de réseaux d'extinction de feu, à savoir les poteaux et bouches d'incendie. Enfin, la mise en conformité des installations industrielles, en application des textes, est plus que nécessaire ainsi que la mise aux normes des différentes zones à travers les aménagements et les équipements nécessaires à leur sécurisation. Le DGPC met en garde contre la perte des acquis économiques Le directeur général de la Protection civile, le colonel Mustapha Lehbiri, qui a supervisé personnellement les opérations d'extinction des grands feux dans la capitale, a mis en garde contre le non-respect des normes de sécurité au niveau des installations industrielles. Les conséquences sont graves sur tous les plans. Cette situation met en péril la vie des employés et des personnes vivant ou travaillant dans le voisinage, sans oublier les atteintes à l'environnement. Le DGPC met l'accent sur les conséquences de l'arrêt de la production en cas d'incendie et le risque de perte d'emplois. « La sécurisation des nombreux acquis exige l'implication de tous les départements ministériels concernés et de tous les opérateurs dans la prise en charge effective des préoccupations liées à la prévention des risques de catastrophes », a soutenu le colonel Lehbiri.