Photo : Lylia M. Nous assistons depuis quelque temps à une opération d'éradication des marchés informels un peu partout au niveau de la capitale. Cela dit, ce qu'il faut savoir, c'est que cette opération a commencé en 2005. C'est à cette date que la wilaya d'Alger avait décidé d'éradiquer les 96 marchés informels recensés. Toutefois, comme son but n'étant pas de livrer les milliers, des jeunes essentiellement, de commerçants informels au chômage, la willaya d'Alger a lancé, également en 2005, un programme de réalisation de marchés couverts et de proximité pour «caser» les 7347 commerçants informels enregistrés. Dans cet entretien, M. Youcef Lamari, directeur du commerce de la wilaya d'Alger, a affirmé que les commerçants informels n'ont plus «d'excuses» pour travailler dans les circuits informels alors que la wilaya leur propose des espaces légaux. M. Lamari nous parle également le bilan des opérations de contrôle effectuées concernant les activités commerciales et la qualité des marchandises durant la période estivale. Nous assistons, depuis quelque temps, à l'éradication des marchés informels au niveau de la capitale. Où en est l'opération ? Il faut savoir tout d'abord que l'opération d'éradication des marchés informels n'est pas récente. Elle a commencé en 2005. A l'époque, 16 communes d'Alger ne disposaient pas de marchés couverts. C'est ce qui a poussé le marché parallèle à se développer et à prendre de l'ampleur. Le déficit en matière d'infrastructures commerciales y est pour beaucoup. Un déficit qui se fait de plus en plus sentir avec l'extension de la ville, l'émergence d'autres cités et la croissance démographique. Le vide en infrastructures a été vite comblé par l'informel, désorganisé, anarchique qui donne une image complètement laide de la capitale. C'est ainsi que la wilaya a pris la décision d'éliminer les marchés informels tout en mettant en place un programme de réalisation de nouveaux marchés couverts et de proximité. Quels sont les espaces concernés par cette opération ? Tous les espaces sont concernés par cette opération et pas uniquement les marchés. Cela dit, nous travaillons d'une façon progressive. Nous commençons par les grands espaces, qui sont les marchés, avant de nous attaquer à tous les lieux squattés illégalement, tel le square Port Saïd pour l'échange des devises ou les jardins publics, entre autres, pour la vente illégale de bijoux en or. Concernant les marchés informels, l'opération d'éradication avance en fonction des réalisations du programme des marchés de proximité et couverts. Avant cela, nous avons procédé, en premier lieu, au recensement de tous les marchés informels se trouvant à Alger. En 2005, ils étaient 96 marchés informels abritant, illégalement, 7347 commerçants. En second lieu, nous avons recensé les différents secteurs dans lesquels ils activent et ce, avec le concours des APC et de la sûreté nationale. Au même moment, les nouveaux marchés se construisaient. Donc, au fur et à mesure que les marchés étaient éradiqués et les nouveaux marchés implantés, les commerçants informels étaient intégrés. Mais là encore nous sommes confrontés à un grand problème. C'est-à-dire ? Je tiens tout d'abord à souligner que la politique de la wilaya est de préserver la santé et la sécurité du citoyen. Notre but n'est pas de pousser les gens au chômage. D'où notre souci de placer les commerçants informels dans des espaces légaux. Cependant, beaucoup refusent de se mettre au formel. Dans ce cas-là, nous sommes obligés d'utiliser la force légale. Cela dit, nous avons réussi quand même à placer 3654 activistes informels et à éradiquer 38 marchés informels. Il nous reste 79 marchés à éliminer et plus de 3693 autres commerçants informels à caser. Qu'en est-il des réalisations ? Jusqu'à présent, nous avons pu réaliser 12 marchés couverts, en plus de 2 marchés couverts aménagés, tous fonctionnels. Nous avons également ouvert 26 marchés de proximité. Par ailleurs, 7 autres marchés couverts sont en cours de réalisation ainsi que 3 marchés de proximité et 10 marchés de proximité sont en étude. L'opération d'éradication se poursuivra jusqu'à l'éradication totale des marchés informels. Aujourd'hui, les commerçants informels n'ont plus d'excuses pour poursuivre leurs activités, du moment que nous leur offrons l'espace qu'il leur faut. Nous devons penser à la santé du citoyen. D'autant plus que dans l'informel, nous ne savons pas d'où provient la marchandise, si elle est propre à la consommation ou pas. Tout ce que nous savons, c'est que cette marchandise provient de l'importation mais aussi de sources locales. Je trouve que c'est vraiment regrettable que des traditions commerciales, tels les marchés hebdomadaires et les quinzaines commerciales, aient disparu de notre culture alors que ce sont des initiatives qui rapportent gros. On a l'impression qu'on ne s'intéresse pas à ce secteur alors qu'il est vital. Il serait intéressant de penser à organiser ce genre de manifestations avec le concours de la commune. Des manifestations qui soient périodiques et surtout légales. Les marchés légaux ne sont pas non plus à l'abri des infractions... En effet, rien que pour la période du 1er août au 8 septembre, nous avons transmis à la justice 3318 PV établis au cours de 15.769 interventions pour le contrôle de la qualité. Nous avons aussi procédé à la saisie de plus de 12 tonnes de marchandises diverses, viandes rouge et blanche essentiellement, et proposé la fermeture de 127 locaux. Les infractions les plus récurrentes sont le manque d'hygiène et la mise en vente de produits impropres à la consommation. Pour ce qui est du contrôle des pratiques commerciales, 5985 interventions ont été opérées qui ont abouti à l'tablissement de de 2581 PV transmis à la justice et à la proposition de fermeture de 143 locaux. En tout, nous avons effectué 31.554 interventions. L'équipe de contrôle a été renforcée durant le mois de ramadan, avec 50 brigades, qui continuent toujours à activer jusqu'à présent. Mais d'une façon générale, cette année, nous avons renforcé nos équipes de contrôle par rapport l'an dernier, ainsi que le nombre de nos interventions. Pour ce qui est du contrôle des prix, est-il vrai que la direction commerciale de la wilaya n'intervient que quand il s'agit de produits subventionnés par l'Etat ? Notre rôle est de contrôler toutes les activités commerciales ainsi que la qualité des marchandises. Quant aux prix, nous ne contrôlons, évidemment, que ceux des produits subventionnés par l'Etat, tels le pain, le lait, la farine, la semoule... Les prix des autres produits sont soumis à la loi de l'offre et de la demande. Cela dit, je crois savoir qu'il y a une réglementation en phase d'élaboration pour déterminer les marges bénéficiaires pour les commerçants. Ce qui aura un impact considérable sur les prix. Si par exemple, la pomme de terre se vend à 20 dinars le kilo au marché du gros, et si l'Etat fixe la marge bénéficiaire à 5 dinars, elle sera vendue à 25 DA.