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Le marché parallèle s'enracine et s'étend
Les opérations visant son éradication donnent peu de résultats
Publié dans La Tribune le 29 - 09 - 2010


Photo : Riad
Par Karima Mokrani
Depuis près d'une semaine, les habitants d'Alger constatent une présence policière, de plus en plus importante, tout le long des rues de La Lyre et Bab Azzoun, près de la place des Martyrs, habituellement occupées par des marchands du commerce informel. Les policiers, avec leur matraque et leur regard dur, pour ne pas dire furieux, semblent guetter le moindre geste de contestation de la part des anciens «maîtres» des lieux.
Rancœur et frustration
En face d'eux, des visages à la fois pâles de désespoir ou rouges de colère, suite à la destruction de leurs étals, attendent le moment de livrer bataille à un adversaire qui ne l'est pas vraiment. Leur ennemi véritable est cette décision des autorités de la wilaya d'Alger leur interdisant d'occuper la voie publique pour l'exercice de leur commerce. Sur décision donc du wali d'Alger qui, lui aussi, ne fait qu'appliquer une décision du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, donc du gouvernement, ces vendeurs ont vu leur commerce disparaître du jour au lendemain… sans aucune solution de rechange. Même les 100 locaux commerciaux par commune, promis par le président Bouteflika, ne profitent qu'à certains, généralement les mieux nantis, pensent-ils. La douleur est intense et la rancœur ne s'estompe pas. C'est le gagne-pain de nombreuses familles qui est en jeu. «Au lieu de s'en prendre aux gros poissons, ils pourchassent les petits», constate un passant de la rue de La Lyre. «Les gros poissons ont bien rempli leur ventre, ils n'ont plus besoin de ces petits», dira un autre. Au niveau de cette rue justement, fréquentée par un grand nombre de familles algéroises, articulièrement les jeunes femmes qui préparent leur mariage, un violent accrochage entre les commerçants en colère et les policiers a eu lieu le lendemain même de la suppression du marché. Décidés à braver la décision des autorités publiques, se considérant eux-mêmes comme lésés par les lois de la République, des commerçants avaient refusé d'obtempérer aux ordres de la police et avaient réinstallé leurs marchandises. S'en étaient alors suivis de violentes altercations verbales et des heurts entre les deux parties. Si l'on en croit les dires des riverains, des policiers ont été pris à partie par les jeunes commerçants avant que des renforts n'arrivent sur place… Comme quoi on ne joue pas avec «le pain des enfants». Des commerçants affirment qu'ils ne se laisseront faire ni par les policiers, ni par les autorités de la wilaya d'Alger, ni par les services du ministère de l'Intérieur. En effet, la situation aujourd'hui est délicate. Policiers et commerçants sont sur le qui-vive. Avec cette décision de supprimer les marchés informels qui, devrions-nous le reconnaître, sont un véritable fléau, source d'autres fléaux aussi dangereux les uns que les autres, c'est tout l'Etat qui reprend ses droits, sa place. C'est une bonne chose dans la mesure où cela est censé permettre de lutter contre l'anarchie régnante et faire revenir l'ordre et la sécurité. Faire surtout respecter les textes de loi par tous pour le bien de tous. Sans vouloir toutefois prendre la défense de ces commerçants, encore moins du commerce informel qui gangrène toute l'économie nationale, il est important de soulever un certain nombre de problèmes liés à cette décision. En effet, est-ce le moment d'engager l'opération, alors que rien n'est décidé réellement pour l'insertion de ces marchants dans le commerce légal ? Cela ne risque-t-il pas de provoquer une grande colère citoyenne en ces temps de chômage et de cherté de la vie ? Il est vrai que cette histoire de suppression des marchés informels à Alger et ailleurs ne date pas d'aujourd'hui. Cela fait des années que les représentants des collectivités locales annoncent non seulement leur intention mais leur décision ferme de raser tel ou tel marché sans que ça aboutisse. Sinon rarement. Ça n'aboutit pas pour la simple raison que la question n'est pas débattue sérieusement de façon à résoudre le problème définitivement et sans en créer d'autres. De l'avis de nombreux citoyens, faire appel à la force publique pour ramener l'ordre n'est pas la solution idoine. Cela risque de créer plus de désordre que d'ordre. D'autant plus qu'il n'y a pas un seul marché informel à supprimer mais des centaines de marchés à travers tout le pays. La solution au problème, comme pour tout autre d'ailleurs, passe par un débat sérieux et engagé. Discuter des véritables raisons qui favorisent le développement de ce phénomène et proposer des solutions concrètes et applicables sur le terrain. D'autres marchés figurent au programme de suppression. Dans un avenir proche ou lointain, c'est selon. Le marché de Bachdjarah a annoncé l'entame de l'opération. La forte présence des agents de police à la rue de la Lyre annonce la difficulté de son application. Le maintien –du moins pour le moment- de ceux de Bab El Oued, de Kouba, de Baraki, de Aïn Naadja, de Réghaïa et de bien d'autres fait craindre carrément son échec. Le problème est à régler à la source. Qui alimente ce commerce informel ? Telle est la question fondamentale. Un jeune importateur raconte que c'est un haut responsable d'une des directions du commerce du pays qui l'aide à faire entrer ses produits en Algérie, sans aucun problème. «Je lui ai offert un grand téléviseur. Il était aux anges», affirme-t-il. Ceci peut être vrai, peut être faux. Une chose est sûre, des employés et des cadres du secteur du commerce ne sont pas exempts de soupçons. Plusieurs seraient impliqués dans des affaires de corruption et autres. «Ils nous menacent de saisir la marchandise. Après négociation, nous leur remettons une somme d'argent et ils s'en vont, satisfaits… Ça marche comme ça», rapporte un grossiste au sujet de deux agents de contrôle. Des commerçants affirment travailler de la sorte : «Nous ne pouvons pas faire autrement.» Et un autre de s'écrier: «Je n'ai pas à payer les impôts. Ce n'est pas à moi de renflouer les caisses de l'Etat. En plus, que font-ils avec tout cet argent ? Allez voir l'état des routes, des façades des immeubles, l'insalubrité publique… Ils ne font rien. Ils servent leurs propres intérêts.» Le problème est profond, le malaise est général. Tout est imbriqué. Il faut une véritable volonté politique pour venir à bout de ces vices, de ces fléaux. Pour réussir la lutte contre le marché informel, il est nécessaire de lutter efficacement contre le chômage. Créer des postes d'emploi, avec des salaires décents, de façon à permettre aux jeunes et aux citoyens de façon générale de répondre à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Evoluer, s'affirmer et s'épanouir dans leur vie professionnelle et personnelle. En Algérie, les opportunités de création de nouveaux postes d'emploi, dans de bonnes conditions, ne manquent pas. Les compétences et les qualifications non plus. Elles ne sont pas exploitées de la bonne manière. Aussi, il est absolument nécessaire de réviser la politique des salaires en fonction des prix des produits de large consommation et autres. Faire face à l'inflation et augmenter le pouvoir d'achat. Il est aussi urgent d'engager une bataille sans merci contre la précarité de l'emploi. Faire employer des jeunes, de 8h à 16h ou 17h, dans le cadre des dispositifs de l'emploi de jeunes, pour des salaires de 2 000, 4 000, 6 000 DA par mois, et les comptabiliser dans les statistiques officielles comme étant des emplois stables, c'est intolérable. Et encore ce n'est pas accessible pour tout le monde ! L'aboutissement de la lutte contre le marché informel passe inéluctablement par la bonne répartition des richesses et donc par la justice sociale.


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