Tout comme la Crimée en mars, les « républiques populaires » de Donetsk et Lougansk, plébiscitées à près de 90% du suffrage universel, ont entériné leur indépendance jugée « illégale » par Kiev et les Occidentaux, néanmoins bénie par Moscou appelant au respect de « l'expression de la volonté des populations ». Il reste seulement le référendum du rattachement à la Russie, envisagé par les nouvelles républiques de l'est de l'Ukraine, pour mener à son terme le processus de partition. Cette donne régionale n'est pas négligeable. Dans la perspective de la présidentielle anticipée du 25 mai, Moscou est passé à l'offensive. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a estimé que « le refus des autorités de Kiev d'un réel dialogue avec les représentants des régions, avant tout du sud et de l'est du pays, constitue un obstacle sérieux sur la voie de la désescalade ». Le préalable du « dialogue réel » est avancé pour régler la question des droits de ces régions avant la tenue de la présidentielle. En même temps, l'arme du gaz est brandie pour exercer plus de pression sur Kiev menacé de rupture de livraison, dès le 3 juin, en cas de non-paiement à l'avance de la facture de ce mois. Gazprom réclame à la compagnie ukrainienne, Naftogaz, 1,66 milliard de dollars, selon le porte-parole du groupe russe, Sergueï Kouprianov, évoquant comme « argument de poids » la question des arriérés (3,505 milliards de dollars). Dans un climat de tension, le compromis de l'OSCE (Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe) arrivera-t-il à relancer de nouvelles négociations ? La médiation européenne, confiée au diplomate allemand, Wolfgang Ischinger, a été accueillie favorablement par le président russe, Vladimir Poutine, et les Occidentaux, pour dégager, selon la feuille de route élaborée la semaine dernière, une voie pragmatique « pour passer d'une logique d'escalade vers une logique de coopération ». Elle privilégie « le non-recours à la violence, le désarmement, le dialogue national et des élections » propices à « l'organisation d'élections libres et honnêtes dans l'ensemble du pays, le 25 mai ». De Kiev à Odessa, où il s'est rendu hier, le ministre des Affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, s'affaire à conforter les chances d'un « dialogue national » associant toutes les parties impliquées dans la crise dans une table ronde prévue cette semaine sous la responsabilité du médiateur européen, Wolfgang Ischinger. Une lueur d'espoir ?