Didier Burkhalter, le président de la Confédération suisse et président en exercice de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), se rendra demain à Moscou. Objectif : demander au président russe Vladimir Poutine de « stopper l'escalade de la violence » en Ukraine, « soutenir » la mise en place de tables rondes sous le parrainage de l'OSCE pour faciliter un dialogue national avant l'élection présidentielle anticipée prévue le 25 mai en Ukraine, et participer à une deuxième conférence de Genève, car la première, celle qui a été signée le 17 avril dernier dans la capitale suisse par la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre ukrainien par intérim des Affaires étrangères Andrii Dechtchitsa, n'a pas eu les résultats escomptés. « Lors de cette deuxième conférence, il faudra que des engagements clairs soient décidés, sur la façon dont nous pouvons obtenir une trêve dans ce conflit et trouver progressivement une solution politique. Toute autre attitude serait irresponsable car cela signifierait davantage de victimes », prévient Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des Affaires étrangères, artisan de la nouvelle offensive diplomatique du Vieux continent. Le Kremlin ne semble pas « chaud » pour Genève II. Il demande aux Occidentaux trois choses. Une, « bien comprendre » que la solution à cette crise passe par l'ouverture d'un dialogue direct entre Kiev et les représentants des régions de l'Est et du Sud, dont Donetsk, Kharkov et Lougansk, qui refusent de reconnaître les autorités issues du « putsch » du 22 février et réclament des référendums sur le statut politique de leurs régions. Deux, exhorter Kiev à mettre en œuvre, intégralement et sans condition, les accords conclus le 17 avril. Parmi ces clauses, le désarmement des groupes paramilitaires illégaux et l'ouverture d'un dialogue national sur la réforme constitutionnelle. Trois, réaliser que cette crise pourrait avoir « des conséquences destructrices pour la paix, la stabilité et le développement démocratique de l'Europe » si « la communauté internationale ne réagit pas « sans parti pris » aux violations « massives » des droits de l'Homme commises dans ce pays. Selon les analystes, cette crise pourrait être fatale à l'Union européenne. « Si la guerre éclate en deçà et au-delà du Dniepr, ce sera la première guerre causée par le refus d'adhésion de populations européennes à cet ensemble », disent-ils. Et même à l'Otan qui ne s'est pas encore remise de ses déboires en Afghanistan et en Libye, ajoutent-ils.