Les partis politiques, les personnalités nationales et les représentations de la société civile sont officiellement saisis par la Présidence de la République en vue de la révision de la loi fondamentale du pays. En effet, le directeur de cabinet, Ahmed Ouyahia, a pris attache avec les partenaires politiques pour les informer qu'ils seraient destinataires des propositions de révision constitutionnelle élaborées par la commission des experts installée en avril 2011. Les recommandations de cette commission serviraient de base de travail à la concertation politique qui s'enclenche. Les parties au dialogue le savent depuis que le président Bouteflika y a fait référence lors du Conseil des ministres du 7 mai dernier. Cette même commission a pris en compte les propositions recueillies auprès des acteurs politiques dans le cadre d'un dialogue confié à l'époque des faits à Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation. C'est ce document qui sera présentement soumis à débat pour enrichissement sans qu'aucun préalable ne réduise le champ de la discussion, à part les valeurs communes qui fondent l'identité nationale et la société algérienne en général. La commission en question a préconisé des amendements qui adaptent la loi fondamentale aux contingences liées à l'évolution de la société algérienne et du monde. Et semblent avoir pour finalité de renforcer la démocratie participative, de promouvoir les libertés individuelles et collectives. Et le confortement de l'Etat de droit. Autrement dit, l'enjeu portera sur la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, le renforcement du rôle du Parlement et l'amélioration du statut de l'opposition. Cette demande politique est la plus partagée par les protagonistes politiques. L'amendement de la Constitution s'est imposé lors de la campagne électorale comme une revendication commune la plus partagée. A quelques nuances près, l'aspiration à une bonne gouvernance, à un Etat de droit dont le socle doit reposer sur le respect des libertés et l'indépendance de la justice vis-à-vis des centres d'influence politiques est consensuelle. Accessoirement, le type de régime politique à adopter, la limitation des mandats présidentiels... se sont imposés dans le débat. Cette convergence de vues sera-t-elle au rendez-vous des consultations qui seront menées sous la houlette d'Ahmed Ouyahia qui aura à rencontrer, à la Présidence, au début du mois de juin, selon l'agenda tracé, les partenaires qui auront accepté de s'associer à la démarche ? Ces derniers auront eu le temps d'étudier la plateforme de propositions d'amendement qui leur aura été soumise depuis ce jeudi. Conformément au timing fixé par le chef de l'Etat qui a fixé à la mi-mai l'enclenchement de la démarche. Les récipiendaires du document sont invités à l'enrichir et même à faire des contre-propositions. L'objectif visé est d'arriver à « une révision consensuelle ». En tout cas, pour le président Bouteflika, le challenge est si important, l'enjeu si stratégique qu'ils doivent concourir à transcender les clivages politiques partisans. Invitant même l'opposition à ne pas se crisper sur des positions irréductibles. « La révision constitutionnelle est un moment important dans la vie de la nation. Elle mérite donc le concours de tous les acteurs politiques, dans le respect des différences et même des divergences tout à fait acceptables dans notre pays qui s'enorgueillit du niveau déjà atteint par son pluralisme démocratique », avait-il plaidé devant le Conseil des ministres. Cet appel est diversement reçu par la classe politique. Les réactions alternent entre adhésion active et réticences assumées. Cet état de fait ne semble pas, cependant, altérer le processus de dialogue annoncé qui sera couronné par l'adoption d'un projet de révision de la loi fondamentale dont la modalité sera arrêtée dans un deuxième temps.