Le président du Mouvement El Islah, Djahid Younsi, a qualifié les grands axes du projet de la nouvelle Constitution d'« initiative tardive qui n'apporte aucun fait nouveau prouvant une volonté réelle d'aller vers le changement politique ». Lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, Younsi s'est interrogé sur les raisons qui ont poussé les pouvoirs publics à associer les partis politiques à cet avant-projet. « Est-ce une autre tentative pour valider sa légitimité ? », s'est-il demandé, rappelant que le pouvoir « nous a habitués à présenter de bons projets qui seront vite vidés de leur substance une fois l'adhésion de la classe politique confirmée ». Pour Younsi, le projet en question doit être discuté dans le fond et dans la forme avec la classe politique. « Cette manière de faire ne répond pas aux attentes de la classe politique qui s'attendait à un vrai débat politique », a soutenu Younsi. Autre grief porté par le leader d'El Islah, « l'avant-projet de révision de la Constitution a été confié à des experts en droit alors qu'il devait être soumis d'abord à la classe politique pour évoquer la crise politique et sortir avec une décision consensuelle qui pourra réellement enclencher la transition politique ». Younsi estime donc qu'il faut d'abord identifier la problématique de la légitimité du pouvoir avant de lancer un tel projet, car, selon lui, la Constitution n'est qu'un des mécanismes à mettre en place une fois le consensus politique dégagé. Sur le projet lui-même, il fera quelques remarques de « taille ». Selon lui, la mouture n'évoque pas, entre autres, l'indépendance de la justice, les prérogatives du président de la République ou celles du chef de gouvernement. De ce fait, il déduit que les dernières entrevues entre les partis politiques et la commission Bensalah étaient une simple rencontre « pour amuser la galerie ». « Aucune des propositions des partis de l'opposition n'a été retenue dans cet avant-projet de révision de la Constitution », fait remarquer Djahid Younsi, qui en appelle au renforcement de l'opposition et à l'isolement du pouvoir. A la question sur l'adhésion ou non de son mouvement à la démarche de la Présidence, Djahid Younsi a indiqué que la réponse sera donnée aujourd'hui lors d'une réunion qui va regrouper le pôle des partis politiques pour le changement. « Ça sera une réponse collective », a-t-il précisé.