Plus de 40 ans après avoir abrité avec succès le 4e sommet du Mouvement, l'Algérie renoue ainsi avec ce rassemblement de pays en développement dont elle était l'un des pionniers les plus actifs et qui a réussi, dès les années 1970, grâce à une diplomatie dynamique, à imposer, du haut de la tribune des Nations unies, l'idée révolutionnaire d'un nouvel ordre international au sein duquel les deux hémisphères traiteraient en partenaires au service du développement, de la paix et de la concorde dans le monde. Le thème choisi pour la conférence du 26 mai (« Solidarité renforcée pour la paix et la prospérité »), avec un ordre du jour ouvert mais centré sur les problématiques interdépendantes de la paix et du développement, interpelle les 117 pays membres dans leur quête assumée d'une vraie solidarité internationale, hier, empêchée par la confrontation Est-Ouest, à présent mise à mal par de nouveaux défis aux retombées tout aussi hasardeuses pour l'avenir de l'humanité. En prévision du sommet des chefs d'Etat qui doit avoir lieu en 2015, les ministres des Affaires étrangères tenteront, dans leurs résolutions, de donner au mouvement plus de vigueur et de cohésion, y compris en lui recommandant de tisser des alliances avec d'autres groupements d'Etats, pour qu'il puisse faire face, de façon solidaire, aux nouveaux défis qui divisent le monde et qui risquent d'affecter en premier lieu les pays dits du Tiers-Monde. Regroupement politique sans pouvoir autre que celui d'être une force indépendante de propositions et de réaction, le Mouvement, qui représente la moitié des habitants de la planète, a, en effet, cherché, au fil des 16 réunions au sommet déjà tenues depuis sa naissance en 1955, à s'adapter sans cesse aux nouvelles donnes qui marquent les relations internationales, sans jamais perdre de vue ses objectifs et idéaux originels de coopération internationale en faveur de la paix et du développement. A la faveur de la réunion d'Alger, les pays non alignés vont sans doute tenter de reprendre l'initiative sur la question relative à la nécessité d'une refondation démocratique de l'ONU où les pays en voie de développement deviendraient « partie prenante de la gouvernance mondiale sur une base multilatérale », pour reprendre la réflexion d'un ancien chef d'Etat arabe. Alors, que signifie le non-alignement 25 ans après la chute du bloc de l'Est ? La réponse est venue du président Abdelaziz Bouteflika à l'un des derniers sommets du Mouvement : « Le non-alignement n'est pas une philosophie circonstancielle dont la durée de vie serait liée à la période de la guerre froide et dont la pertinence serait tributaire d'une équidistance géométrique par rapport à deux blocs antagonistes. Le non-alignement se veut, depuis ses origines, l'emblème identitaire distinctif de la remontée des peuples colonisés sur la scène de l'histoire en vue de l'édification d'un ordre international multipolaire dont le multilatéralisme serait la force motrice. » « Ce message n'a rien perdu de sa validité ni de sa vitalité. Il reste d'une saisissante actualité. C'est pourquoi il représente pour l'ensemble de nos peuples, pour l'humanité tout entière, un horizon d'espérance et un encouragement à la poursuite de notre combat pour les objectifs qui sont les nôtres », avait déclaré le chef de l'Etat.