img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P140524-20.jpg" alt="Les nouveaux "ennemis" des pays non-alignés" / Plus de 40 ans après avoir abrité avec succès, le 4è sommet du Mouvement en 1973, Alger accueillera du 26 au 29 mai la 17è Conférence ministérielle des pays non alignés dans un contexte marqué par l'émergence, la réapparition ou l'exaspération de crises économiques, politiques et diplomatiques dans plusieurs points du globe. L'Algérie, qui a survécu aux révolutions arabes, à la crise financière qui a touché la planète, aux différents changements politiques nés de la chute du bloc soviétique, est sans doute le seul pays d'Afrique qui a su garder intacte son authentique vision sur la position politique du mouvement des pays non alignés. Alger, remet, à cette occasion, en selle les principes fondateurs d'un mouvement né d'un besoin d'établir un système mondial multilatéral plus apaisé et moins inégalitaire. Elle renoue avec ce rassemblement grâce à une diplomatie dynamique, initiée par le président Bouteflika et menée d'une main de maître par le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. L'Algérie a imposé, du haut de la tribune des Nations unies, l'idée révolutionnaire d'un nouvel ordre international au sein duquel les deux hémisphères traiteraient en partenaires au service du développement, de la paix et de la concorde dans le monde. Mais que reste-t-il du mouvement des Non-alignés, 25 ans après la chute du bloc de l'Est? La réponse est venue du président Abdelaziz Bouteflika à l'un des derniers sommets du Mouvement: «Le non-alignement n'est pas une philosophie circonstancielle dont la durée de vie serait liée à la période de la Guerre froide et dont la pertinence serait tributaire d'une équidistance géométrique par rapport à deux blocs antagonistes.» Le thème choisi pour la conférence du 26 mai: «Solidarité renforcée pour la paix et la prospérité») avec un ordre du jour ouvert, mais centré sur les problématiques interdépendantes de la paix et du développement, interpelle les 120 pays membres dans leur quête assumée d'une vraie solidarité internationale, hier empêchée par la confrontation Est-Ouest, à présent mise à mal par de nouveaux défis aux retombées tout aussi hasardeuses pour l'avenir de l'humanité. En prévision du sommet des chefs d'Etat qui doit avoir lieu en 2015, les ministres des Affaires étrangères tenteront, dans leurs résolutions, de donner au Mouvement plus de vigueur et de cohésion, y compris en lui recommandant de tisser des alliances avec d'autres groupements d'Etats, pour qu'il puisse faire face, de façon solidaire, aux nouveaux défis qui divisent le monde et qui risquent d'affecter en premier lieu les pays dits du «tiers-monde». Regroupement politique sans pouvoir autre que celui d'être une force indépendante de proposition et de réaction, le Mouvement qui représente la moitié des habitants de la planète a, en effet, cherché au fil des 16 réunions au sommet déjà tenues depuis sa naissance en 1955, à s'adapter sans cesse aux nouvelles donnes qui marquent les relations internationales, sans jamais perdre de vue ses objectifs et idéaux originels de coopération internationale en faveur de la paix et du développement. Après avoir axé ses efforts sur les problèmes de décolonisation, de conflits nés de la période de «Guerre froide» entre superpuissances et de développement économique harmonieux à l'échelle planétaire, le Mouvement s'emploie aujourd'hui à traiter des priorités très actuelles et d'une autre nature pour pouvoir renforcer son rôle et devenir une force importante qui pèse sur la scène internationale. Pour les Non-alignés, les défis qui se posent aujourd'hui au monde sont multiples et rappellent les différents protagonistes à leur responsabilité de coopérer pour y faire face au nom de la préservation de la paix et de la sécurité mondiales: conflits internes exacerbés, terrorisme transnational, pandémies, mouvements migratoires illégaux, trafics en tous genres, environnement naturel dégradé, famine, pauvreté, méfaits de la mondialisation, système financier prédateur, retards technologiques, problèmes de gouvernance et de respect des droits humains. A ces nouvelles réalités, s'ajoutent la permanence ou la résurgence de conflits remettant en cause les équilibres géopolitiques à l'échelle, tant régionale, qu'internationale, à l'instar des «Révolutions» arabes depuis 2011, les blocages du processus de paix au Proche-Orient, l'instabilité sur le continent africain, au Sahel en particulier, ou encore la crise ukrainienne qui a fait soudain ressurgir le spectre du conflit Est-Ouest et de la Guerre froide. Le message des Non-alignés semble ainsi se résumer à ceci: sans développement universel et collectivement assumé, les plus riches sombreraient dans les crises et les pauvres, non seulement s'appauvriraient davantage, mais deviendraient pour ainsi dire des «exportateurs nets» de fléaux (terrorisme, immigration clandestine, maladies, problèmes environnementaux...) vers le reste du monde, ce qui viendrait alimenter, sinon aggraverait les déséquilibres mondiaux.