La « plaidoirie » n'est certes pas nouvelle, mais demeure d'une actualité brûlante : la réforme de l'ONU. Une revendication portée à bout de bras depuis sa création par le Mouvement des non alignés (MNA), soucieux d'endiguer un tant soit peu l'incommensurable domination des grandes puissances, les pays occidentaux en tête, sur le monde, depuis la chute du mur de Berlin et l'esquisse d'un monde unipolaire, ultralibérale par excellence. Et qui n'aura finalement pas tardé à dévoiler ses frémissements à l'aune d'une crise financière aiguë ayant considérablement freiné ses desseins prédateurs, ouvrant la porte à l'émergence de nouvelles forces (Chine, Inde, Russie, Brésil, Afrique du Sud...). Ainsi le besoin de réformer l'organisation mondiale et ses principaux organes demeure un impératif pour le MNA qui n'a eu de cesse de plaider pour la modernisation de l'organisation de prise de décision afin d'y refléter les évolutions et les réalités du monde d'aujourd'hui. Le mouvement tiers-mondiste a souvent exprimé la grande importance qu'il attache au renforcement du rôle des Nations unies pour la préservation de la paix et de la sécurité dans le monde et l'instauration de relations internationales équilibrées et justes. L'ONU reste, selon le MNA, la tribune indispensable pour aborder les questions relatives à la coopération internationale au service du développement économique et du progrès social, de la paix, de la sécurité et des droits de l'Homme, et pour la recherche de consensus entre les Etats sur les grands sujets qui interpellent l'humanité. Plus concrètement, le MNA considère que la réforme de l'ONU doit être « générale, transparente, sans exclusion et équilibrée » en conformité avec sa Charte. Lors de son dernier sommet (Téhéran, août 2012), le MNA a souligné que toute proposition de réforme devrait être considérée d'une manière « exhaustive et intégrée ». Il a mis également l'accent sur le rôle central de l'ONU dans le cadre de la gouvernance mondiale, à travers la revitalisation du travail de l'Assemblée générale et du Conseil économique et social, et par la réforme du Conseil de sécurité, dont son élargissement et sa démocratisation qui en amélioreront la transparence, la responsabilité et les méthodes de travail. Sur le plan économique, le MNA a enregistré, depuis sa création, de nombreux succès dans sa revendication d'une plus juste répartition des richesses mondiales. Avec l'apport et la contribution d'autres organisations telles que le groupe des 77, la Cnuced et plus récemment le G15 et le G20, et l'Union africaine, le mouvement des non alignés n'a jamais cessé de plaider en faveur de relations économiques plus justes et plus équitables. Des revendications qui seront surtout exprimées dans le projet de Nouvel ordre économique international, lancé à partir du sommet d'Alger en 1973 qui a réuni près de 75 chefs d'Etat et de gouvernement et a connu un succès retentissant.