Les travailleurs du complexe ArcelorMittal Annaba devraient rejoindre, aujourd'hui, leurs ateliers après trois jours de débrayage en signe de solidarité avec le syndicat dont le bureau est resté fermé depuis plusieurs semaines et ses membres interdits d'accès par les partisans du comité de participation. Le débrayage initié lundi dernier dans quelques unités s'est propagé peu à peu pour atteindre hier une paralysie de l'ensemble du complexe presque. Tôt dans la matinée d'hier, des milliers de travailleurs ont soutenu la démarche de leur représentant visant la réouverture du bureau. C'est en effet chose faite, en dépit de quelques affrontements qui ont marqué le début de l'action entre les partisans des désormais deux clans : syndicat et CP. La directive adressée, la veille, par la direction générale, interdisant au personnel tout port d'arme blanche ou autre objet à l'intérieur du complexe, n'a pas été respectée puisque, d'après le syndicat, des personnes ont tenté d'empêcher la réouverture du bureau en faisant des menaces par des armes blanches. Fort heureusement, aucune victime n'a été enregistrée. On apprend à ce propos que des mesures auraient été prises par la direction du complexe pour renforcer la sécurité autour des locaux du syndicat. Dans l'après-midi, les membres du syndicat, conduits par le SG Smain Kouadria, ont tenu une réunion avec la direction pour passer en revue la conjoncture prévalant à l'usine et convaincre les travailleurs de reprendre leurs postes. M. Karbaoui, membre du syndicat, affirme à ce sujet qu'«il est fort probable que les fonctionnaires mettront fin au débrayage jeudi». La réunion qui s'est poursuivie tard dans la journée d'hier, a eu à examiner, poursuit-on, les modalités de reprendre les négociations entre les deux parties sur les revendications socioprofessionnelles des travailleurs. Il faut signaler que le Directeur des ressources humaines (DRH), Daniel Atlan - principal interlocuteur dans les discussions avec la partie syndicale- a démissionné de son poste avant-hier. Démission dictée par le Group Mittal basé à Luxembourg, en raison, indique-t-on, des conflits que connaît le complexe El Hadjar «dont il est à l'origine». La situation tendue dans laquelle se trouve le complexe depuis près de deux mois a nécessité l'implication de la wilaya de Annaba et de la Centrale syndicale de l'UGTA pour y remettre de l'ordre. Or, «rien n'est fait jusqu'ici», déplore le syndicat. Celui-ci a remis à l'UGTA des documents fiables attestant l'implication des membres du CP dans des provocations qui ont pour seul objectif, dit-on, de perturber le processus de négociations entamé entre la direction et le partenaire social. Plusieurs plaintes contre le CP avaient été déposées pour entrave à l'exercice syndical et utilisation de la violence. Plus loin, voulant confirmer sa crédibilité auprès des travailleurs, le syndicat a affiché sa volonté d'aller vers le renouvellement de son bureau : «A travers notre démarche, nous voulons lancer un défi au CP qui nous reproche la non-représentativité», déclare le SG du syndicat. Aux derniers échos, on apprend auprès de quelques représentants des travailleurs que le président du CP, Bourai Abdelmadjid, a affiché, hier, son vœu de quitter le comité suite, explique-t-on, au départ du DRH avec qui il coordonne la gestion des œuvres sociales de l'entreprise.