Rendre un hommage aux artistes disparus ou honorer ceux encore vivants, une tradition, voire même une culture pour la direction de la culture de la wilaya. Elle n'a pas, une nouvelle fois, failli dans sa mission. Dans l'enceinte de la maison de la culture, de nombreux artistes, anciens animateurs d'ateliers de musique et d'arts plastiques de l'établissement, à l'instar de Amar Dris, Mehdi Tamache, Abdelkader Cherchem, Achour Benyoucef, Rachid Bellil, Idir Koudache et Elias Sadouki ont été honorés et furent émus de retrouver leurs anciens élèves. Le lendemain, dimanche, au théâtre régional Kateb-Yacine, c'est un vibrant hommage qui a été rendu à la défunte actrice, Salima Labidi, qui s'est illustrée dans le feuilleton « Akham Nda Meziane », et au défunt talentueux dramaturge Boubekeur Makhoukh. Deux documentaires relatant la vie de l'un et de l'autre ont été projetés. Leurs familles ont été gratifiées de prix et cadeaux en signe de reconnaissance. Slimane Boubekeur, auteur du scénario de « Akham Nda Meziane » dans lequel il a joué le rôle de l'épicier et fils de Da Meziane, Nacim Benmihoub et Amina Beldjoudi, respectivement femme et fille de Da Meziane ainsi que Omar Fetmouche, directeur du théâtre régional de Béjaia et de nombreux autres comédiens et artistes étaient présents. Les deux artistes étaient connus pour leur professionnalisme et simplicité, selon des témoignages. En clôture de cette manifestation, le public a été convié à la représentation de la pièce « La terre et le sang » adaptéé du livre éponyme de Mouloud Feraoun par Mohand Ait Ighil et mise en scène par Omar Fetmouche. Salima Labidi, comédienne et actrice, est née en 1949 à Miliana. Elle a débuté sa carrière de comédienne en 1966 au théâtre radiophonique à la chaîne II enchaînant les rôles dans différentes pièces tragico-comiques. Ses performances de comédienne lui vaudront d'être sollicitée pour interpréter des rôles dans des téléfilms comme « Ahlil, ahlil » et « Yak ennighak » (je te l'ai pourtant dit) réalisés par Rachid Harhar, « El michoir » (Le parcours) de Messaoud Al Ayeb. Elle a fait la joie de ses fans pendant les soirées ramadhanesques où elle s'est imposée, sur les écrans, avec la famille de Dda Meziane. Elle a joué le rôle d'une bru, Monica, d'origine française, venue s'installer chez sa belle-famille en Kabylie. Elle s'est vite intégrée au sein de la famille de « Papa Mezian » et de « Mama Ferrou ». Elle a parfaitement interprété son rôle, ce qui a fait la joie des téléspectateurs pendant les trois premières saisons de la comédie. Salima Labidi est décédée le 04 avril 2013 des suites d'une longue maladie et enterrée au cimetière d'El Madania, sur les hauteurs d'Alger. Boubekeur Makhoukh est né le 06 mars 1954 à Tifilkout, un village Kabyle perché sur les hauteurs du Djurdjura. Il a vécu longtemps à Annaba et Béjaia. Les maisons de jeunes et théâtres régionaux de ces deux villes furent les lieux qu'il a animés et illuminés par sa joie de vivre et son amour du théâtre et des enfants. Plusieurs spectacles et pièces leur ont été destinés dont Ali Baba (1993) et Magic show (un spectacle de marionnettes, danse, clowns et magie). Makhoukh a utilisé plusieurs langues incluant le berbère, l'arabe, l'anglais, le français et l'italien. Il a traduit et interprété divers ouvrages « Les mercenaires » de Laadi Flici, en 1978, « Clando Bazar » de Hamid Goudarzi en 1992, et le roman « Le Roi des bons » de Henriette Bichonnier en 1995. L'une des dernières pièces traduites (du berbère vers l'arabe) fut celle de Mohya « Sin-nni » (ces deux-là) en 1996. Boubekeur Makhoukh est surtout connu pour ses adaptations libres de Ghabou Lefkar, Zerdeb et Hafila Tassir où le défunt Azzedine Medjoubi fit exploser son formidable talent en interprétant pour la première fois un rôle principal. Makhoukh meurt le 31 mai 1998 dans un hôpital à Nantes. Il est enterré au cimetière Sidi Hars (Djebanet El ghorba) à Annaba le 08 juin 1998, journée nationale de l'artiste.