Dix-huit jours de souffrance et de stress pour les parents et la famille de Laïth. Vendredi après-midi, c'était le soulagement pour les habitants de la cité Benchargui après l'annonce de la découverte du bébé en bonne santé. La famille de Laïth a accueilli la nouvelle avec une joie indescriptible. Les parents, qui ont procédé à l'identification de leur enfant au commissariat central de Constantine, ont immédiatement annoncé que c'était bien Laïth. « L'enfant se porte bien et est pris en charge par le staff médical. Laïth subira des tests ADN pour confirmer son identité et rentrera chez lui bientôt », a déclaré le directeur du CHU Benbadis, Ahmed Brachia, au cours d'une conférence de presse tenue vendredi dans la soirée. La maison familiale des Kaoua, située à la cité Benchargui, a accueilli des centaines de personnes, entre voisins et proches de la famille, toutes venues célébrer l'heureux dénouement de l'affaire. Soulagé et ému, le grand-père de Laïth a déclaré aux journalistes : « Nous n'avons jamais baissé les bras, nous n'avons cessé de prier Dieu pour qu'Il nous rende notre enfant. Les services de sécurité se sont mobilisés pour retrouver notre bébé, et nous les remercions, comme nous remercions tous les gens qui nous ont soutenus depuis le début. Je ne pardonnerai jamais aux gens qui ont enlevé mon petit-fils. » Un couple et des complices à l'origine de l'enlèvement C'est grâce aux renseignements fournis par des citoyens que Laïth a été retrouvé, selon des informations concordantes. La police urbaine de la commune de Tamalous et la Gendarmerie nationale ont agi suite aux précieuses informations recueillies auprès de personnes travaillant à la polyclinique de la commune ainsi que du voisinage de B. Z., qui a gardé durant plus de quinzaine jours l'enfant chez elle. Le comportement étrange de la femme a éveillé les soupçons surtout que la photo de Laïth a été largement diffusée par les médias. Des voisins de cette femme âgée de 44 ans, travaillant à l'OPGI de Tamalous, auraient alerté les services de sécurité sur la présence du bébé. La femmen souffrant de stérilité, avait organisé un dîner en l'honneur de son « enfant » quelques jours après l'enlèvement de Laïth, ce qui éveilla encore plus les soupçons. La police a ouvert une enquête et alerté la police judiciaire de Constantine qui a procédé, en coordination avec la Gendarmerie nationale, à la perquisition du domicile de la mise en cause vendredi vers 15h. Les forces de sécurité ont alors découvert le bébé et procédé à l'arrestation de la femme qui a tenté de fuir. Cette dernière aurait déclaré aux enquêteurs qu'elle ignorait qu'il s'agissait d'un enfant enlevé, affirmant que c'est son mari, N. S., 59 ans, qui a ramené Laïth après l'avoir « acheté » auprès d'une jeune femme à Constantine. L'homme en question, chauffeur de camion, est toujours en fuite. La PJ de Constantine a également interpellé le jour même de la découverte de Laïth trois personnes : une sage-femme, un agent de sécurité, âgé d'une trentaine d'années, et une infirmière, tous travaillant à la maternité du CHU Benbadis et présumés complices dans l'enlèvement du bébé le 26 mai dernier. Le procureur de la République près le tribunal de Constantine, Lotfi Boudjemaâ, a déclaré lors d'une conférence de presse tenue vendredi soir, que « l'enquête a été menée conformément aux directives du ministre de la Justice, Tayeb Louh, qui avait donné des consignes pour faire toute la lumière sur cette affaire ». « Des suspects ont été arrêtés. L'enquête suit son cours et tous ceux qui ont participé de près ou de loin à cet enlèvement seront arrêtés et jugés selon les lois de la République », a-t-il ajouté. Suite à cette troublante histoire d'enlèvement, la direction du CHU de Constantine a annoncé l'installation de caméras de surveillance dans plusieurs services et procédé à la suspension de huit personnes exerçant à la maternité.