La Russie met le cap sur le continent latino- américain pour refonder des « alliances pleines » aux antipodes de l'« hypocrisie » des Etats-Unis coupables de volonté hégémonique et, tout récemment, de pratiques jugées inacceptables en matière de surveillance électronique ciblant des personnalités nationales, à l'image de la présidente du Brésil, Dima Rousseff, désormais à l'avant-garde du mouvement pour la promotion de la loi Marco Civil, adoptée en avril par l'ONU et établissant les principes de vie privée, de liberté d'expression et d'anonymat responsable. Mais, au cœur du scandale planétaire, la gouvernance d'Internet, gérée par une association de droit californien et devant nécessairement passer aux mains onusiennes, mobilise les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) dénonçant la surveillance d'Etat et portant un coup sévère aux libertés individuelles. Le dossier sensible est pris à bras le corps par Moscou, accueillant l'ancien collaborateur américain Edward Snowden. Jeudi soir, à la veille de la tournée latino-américaine, le président russe, Vladimir Poutine, a défendu l'urgence d'un « système garantissant la sécurité de l'information ». Il a estimé, dans une intervention reproduite par l'agence Itar-Tass, qu'« en ce qui concerne le cyber-espionnage, ce n'est pas seulement de l'hypocrisie entre alliés et partenaires, mais aussi une attaque directe contre la souveraineté et une violation des droits de l'homme, une invasion de la vie privée ». Le ton est donc donné pour le périple latino-américain de Poutine, entamé vendredi à Cuba et appelé à se conclure par une participation attendu au sommet des Brics, prévu au Brésil, mardi et mercredi. Cuba se prévaut d'une relation historique privilégiée confortée du reste par le geste fort de Moscou décrétant l'annulation de 90% de la dette (31 milliards de dollars), la reconversion du solde de la dette (3,5 milliards de dollars) en investissements russes. Des accords économiques, conclus notamment entre les groupes pétroliers russes Rosneft et Zarubezhneft et le monopole pétrolier cubain Cupet pour développer la recherche et l'exploitation pétrolière dans le golfe du Mexique, scellent une coopération stratégique orientée vers le « long terme », selon Poutine. Au départ de Cuba, il a effectué une brève visite surprise au Nicaragua où il a rencontré le président Daniel Ortega pendant une heure pour parler de la coopération bilatérale avant de se diriger directement en Argentine. L'offensive latino-américaine de Poutine est-elle lancée pour consacrer le retour à la deuxième guerre froide entérinée par la crise en Crimée et en Ukraine ?