La nouvelle force, opérationnelle le 1er août, a vu le jour à l'issue du périple africain de trois jours du président François Hollande qui l'a mené en Côte d'Ivoire, au Niger et au Tchad. C'est à N'Djamena que le commandement de Barkhane (du nom d'une dune de sable en forme de croissant) a été installé, sous les ordres du général Jean-Pierre Palasset, pour répondre aux impératifs de la « reconfiguration » des forces françaises en Afrique, tenues, dès lors, d'assurer des « interventions rapides et efficaces » en partenariat avec d'autres pays africains de la région sahélienne. Du Tchad au Burkina Faso qui intègrent le dispositif Epervier (1.000 soldats) et Sabre, cette stratégie de redéploiement prône un élargissement du champ d'action au Sahel incluant la participation de la Mauritanie, du Mali et du Niger. Le credo de la lutte antiterroriste est brandi pour légitimer le basculement conclu sous forme d'accords bilatéraux, entérinés avec les cinq pays de la région, notamment le Tchad, pour formaliser l'installation de la nouvelle force française. En préparation depuis plusieurs mois, mais reporté en raison de la situation sécuritaire au Mali, Barkhane, qui mobilise 3.000 hommes (1.700 pour la France), prend le relais de Serval enlisé dans la crise sécuritaire et politique du Mali, au moment même où un attentat suicide a enregistré, le 14 juillet dernier, la mort du 9e soldat français présentée comme la preuve de l'existence « de noyaux terroristes » encore en activité. Elle s'appuie sur quatre bases régionales basées à Gao pour le groupement tactique désert, à N'Djamena pour les forces aériennes, à Ouagadougou pour les forces spéciales, et à Niamey pour le pôle de renseignement. En outre, de « petites unités » de 30 à 50 personnes, installées à Madama (nord du Niger), Tessalit (nord du Mali) et « sans doute à Faya-Largeau » (nord du Tchad) sont prévues pour compléter le dispositif doté d'une « unité de commandement, une régionalisation de l'action et une réactivité beaucoup plus forte », selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, précisant le 13 juillet, au « Grand rendez-vous » d'Europe 1, le Monde et i-Télé, la nouvelle mission française en Afrique : « empêcher la reconstitution des groupes djihadistes entre la Libye et l'océan Atlantique », dira-t-il. Un an et demi après Serval qui « se termine de fait », Serval II est lancé pour « terminer le travail » dans une région de tous les enjeux. De telles incohérences jettent un voile sur les motivations réelles de la consolidation de la présence française au Sahel. De nombreuses voix se sont élevées pour mettre en doute l'alibi du « contre-terrorisme » battu en brèche par le soutien sans équivoque accordé aux groupes terroriste en Syrie. « Les terroristes ne sont pas l'objectif de cette guerre. Ils sont seulement le prétexte », assure le journaliste belge Michel Collon.