L'armée française compte lancer, sous peu, une opération militaire de 3.000 hommes qui prendra le relais de Serval au Mali, Epervier au Tchad et Niger et Sabre au Burkina Faso. Sous le commandement du général Marc Foucaud, qui sera positionné au Tchad, où les effectifs militaires devraient passer de 950 à 1.200 hommes, cette force, qui aura sa base logistique à Abidjan, Côte d'Ivoire, sera déployée autour de quatre pôles de réaction rapide (Gao, N'djamena, Niamey et Ouagadougou). Principal objectif : l'éradication des groupes terroristes (Aqmi, Ansar Dine, Mujao) qui écument cette zone sahélo-saharienne. A la différence des précédentes opérations, celle-ci disposera de deux drones Reaper, installés à Niamey, et d'un appui des forces armées américaines, notamment pour le ravitaillement en vol, les échanges d'informations et le transport. A ces quatre bases, s'ajouteraient certains postes avancés. Atar en Mauritanie, Tessalit au Mali, Agadez et Arlit au Niger, Faya-Largeau et Abéché dans le nord du Tchad. Les Français veulent avoir, selon leur ministre de la Défense, des unités capables de sauter d'un « point d'appui à l'autre », un peu comme le font les forces américaines dans la Corne de l'Afrique. « Nous sommes en train de nous réorganiser pour avoir une conception régionale du contre-terrorisme (...). Au Mali, les forces des Nations unies sont là, l'armée malienne se reconstitue et notre rôle à nous est de poursuivre le contre-terrorisme, non seulement au Nord-Mali, mais aussi au Nord-Niger, et nous sommes en train de réorganiser notre dispositif pour que 3.000 militaires français soient de cette lutte contre le terrorisme », explique Le Drian. L'idée, ajoute-il, est d'avoir une conception régionale du contre-terrorisme. Pas seulement au nord du Mali où la situation ne s'apaise pas avec ces « engins explosifs improvisés » de plus en plus nombreux mais aussi au nord du Niger et au Tchad, véritable zone de danger et de trafics en tous genres. « Notre rôle est de poursuivre le contre-terrorisme », dit-il, oubliant que la Libye, qui a été déstabilisée par les forces de l'OTAN, est aujourd'hui une zone de non-droit où des groupes armés circulent librement et que la Centrafrique est en passe de devenir, avec le Mali, un deuxième bourbier pour ses hommes. « Les armées vont progressivement poursuivre la pression au-delà des frontières maliennes sur l'organisation terroriste régionale, en régionalisant les opérations dans la bande sahélo-saharienne afin de ne laisser ni impunité ni liberté de manœuvre à ces groupes qui menacent l'ensemble des pays du Sahel », expliquait, la semaine dernière, le ministère de la Défense. Les chefs d'état-major du G5 du Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso), qui ont validé cette orientation, ont souligné, lors de leur dernière réunion, « la nécessité d'apporter une réponse régionale et coordonnée aux défis sécuritaires actuels ». Ces 3.000 soldats suffiront-ils à ramener la paix et la stabilité dans la moitié du continent gagné de Tripoli à Abuja, de Niamey à Juba en passant par Bangui par la déstabilisation et les conflits ethnico-religieux ? Au Nigeria, au sud du Sahel, où Boko Haram continue à semer la terreur, les Etats-Unis songent à envoyer des forces spéciales discrètes.