Le nouveau Parlement libyen, dominé par les libéraux, a été installé lundi soir dans un hôtel de Tobrouk, 1.500 km à l'est de Tripoli. Réussira-t-il à convaincre ceux qui portent les armes de faire prévaloir la raison pour rétablir l'ordre et l'autorité de l‘Etat, aux côtés d'un gouvernement de transition qui, comme l'a souligné Salah Al-Marghani, le ministre libyen de la Justice, « a une vision d'urgence des actions à mettre en place pour préserver la sécurité, en utilisant tous les moyens possibles qui permettront à la Libye d'arriver à tendre vers une situation stable » ? Les élus islamistes et leurs alliés ont boycotté cette cérémonie protocolaire. Sur les 188 élus, 160 ont prêté serment avant d'élire Aguila Salah Issa, un juriste de la ville d'Al-Qobba, dans l'est du pays, qui ne revendique aucune appartenance politique, comme président du Parlement au terme d'un deuxième tour devant Abou Bakr Biira. Ce dernier a, à l'ouverture de la réunion, en sa qualité de doyen, comme pour conjurer le sort, martelé que « la Libye n'est pas un Etat failli ». « C'est au président du Congrès général national (le Parlement sortant), Nouri Abou Sahmein, de convoquer cette réunion », disent-ils. Ce dernier a invité les députés à Tripoli à une « passation de pouvoir ». Comme très peu d'entre eux ont fait le déplacement, il s'est contenté de lire un communiqué dans lequel il a qualifié la cérémonie d'installation de la nouvelle Assemblée de « contraire à la Constitution ». Selon les analystes, la présence de représentants de la Ligue arabe, de la mission de l'ONU en Libye et de l'Organisation de la conférence islamique donne une légitimé à la réunion de Tobrouk. L'Union européenne a salué, dans un communiqué, « un pas extrêmement important pour remettre la transition démocratique en Libye sur les rails ». Les gouvernements français, italien, allemand et britannique ont, dans un communiqué commun, salué la réunion des députés, tout en condamnant « le recours aux armes pour résoudre des conflits politiques », au risque d'enfoncer le pays « dans un sombre tunnel ». Comme à Tripoli et Benghazi où des milices islamistes tentent de compenser leur défaite aux législatives par leur victoire sur le plan militaire devant l'armée et les brigades acquises aux thèses des libéraux.