La Chambre des représentants, issue des élections du 25 juin en Libye, a tenu hier à Tobrouk (est) une séance inaugurale sur fond de divergences entre courants islamistes et nationalistes, selon des images de la télévision nationale. Les députés anti-islamistes ont préféré se réunir à Tobrouk, à quelque 1500 km à l'est de la capitale, face à l'insécurité à Tripoli, depuis le début d'une offensive conduite par des islamistes le 13 juillet. Après une cérémonie protocolaire, ils doivent prêter serment dans l'après-midi, avant d'élire le président de la Chambre des représentants, selon l'élu Abou Bakr Biira qui préside la réunion. Les élus islamistes et leurs alliés de la ville de Misrata (ouest) boycottent la cérémonie qu'ils qualifient d'anti-constitutionnelle, estimant que c'était au président du Congrès général national (le Parlement sortant dominé par les islamistes), Nouri Abou Sahmein, de convoquer la réunion. Nouri Abou Sahmein avait en effet invité les députés à Tripoli pour une cérémonie de «passation de pouvoir». Cette cérémonie, initialement prévue à 11h00 (9h00 GMT), n'a pas commencé encore. Des analystes estiment que la présence à la réunion de Tobrouk de représentants de la Ligue arabe, de la mission de l'ONU en Libye et de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), confirme la légitimité de la réunion inaugurale. Plus de 160 élus (sur 188) ont fait le déplacement durant le week-end à Tobrouk, épargnée pour le moment par les violences, selon des élus. Ce chiffre, qui n'a pu être vérifié de source indépendante, confirmerait s'il se révélait exact une victoire écrasante des nationalistes devant leurs rivaux islamistes aux élections, où les candidatures étaient individuelles. Sur le terrain, les combats faisaient toujours rage aujourd'hui entre milices rivales dans le sud et l'ouest de la capitale, en proie à des violences meurtrières depuis le 13 juillet, sur fond de lutte d'influence politique et régionale. Selon des analystes, les islamistes tentent en effet de compenser leur défaite aux législatives du 25 juin en gagnant en influence sur le plan militaire. Une centaine de Britanniques évacués via Malte Au total 110 personnes, en majorité des Britanniques, dont des femmes enceintes et des bébés, sont arrivés lundi à Malte après avoir été évacués de Libye, ont indiqué des représentants britanniques sur l'île. Le groupe, qui inclut aussi des Allemands et Irlandais, a été évacué de Tripoli à bord du HMS Enterprise, un bâtiment de surveillance de 91 mètres de long qui était en opérations en Méditerranée pour le compte de la Royal Navy. Parmi les personnes évacuées qui ont été accueillies à leur arrivée à La Valette par le Haut commissaire britannique à Malte, Robert Luke, on compte 4 femmes enceintes, 30 enfants, 12 bébés et une personne âgée. Il s'agit du deuxième navire arrivant à Malte dans le cadre des opérations d'évacuation de ressortissants étrangers en Libye. Le week-end dernier, un catamaran avait ramené à Malte environ 250 employés du groupe sud-coréen Hyundai, pour la plupart des Philippins et des Indiens. Ils étaient ensuite rentrés chez eux à bord de vols de ligne. En deux semaines, les violences en Libye ont fait au moins 200 morts et un millier de blessés, selon le ministère libyen de la Santé. Les divisions entre islamistes et nationalistes, qui minent depuis des mois la vie politique libyenne, se transposent sur le terrain, avec des combats entre milices rivales. Depuis la mi-juillet, ces affrontements se sont étendus à la capitale Tripoli, ce qui a conduit de nombreuses capitales occidentales à évacuer leurs ressortissants.