Hormis celles relevant des trois ou quatre hôtels classés — où il faut payer le prix fort pour y accéder — aucune piscine publique n'est ouverte cet été. Pis encore, les travaux de réhabilitation de certains bassins, qui jadis faisaient la fierté de la ville, s'éternisent. Les plus nostalgiques regrettent ainsi que les plus jeunes n'aient pas eu la chance de connaître le mythique palmarium Sidi M'cid, et ses trois bassins : la piscine olympique, le primo et la petite réservée aux enfants. Située sur un site exceptionnel, en contrebas du Rocher, et pratiquement au même niveau que le Rhumel, Sidi M'cid possède un bassin naturel de l'époque romaine, alimenté par une source thermale jaillissant du Rocher, ce qui lui procure une température ambiante ne dépassant pas les 20° C. Ce même bassin accueillait les baigneurs, tout au long de l'année, et le complexe était fréquenté par des générations de familles et de nageurs dont le champion du monde de natation Alfred Nakache, natif de Constantine. La belle époque a duré jusqu'aux années 1980, mais durant la décennie noire, la piscine a été fermée au public. Propriété de l'APC de Constantine, son exploitation fut confiée en 2008 à un investisseur privé qui avait promis, à l'époque, de ressusciter les lieux. En vain. En 2010, Sidi M'cid sera cédée à la direction de la jeunesse et des sports (DJS) de wilaya. Cette dernière avait lancé il y a trois ans des travaux de rénovation touchant tout le complexe aquatique, son hôtel et son restaurant. Après une inauguration partielle qui n'a duré que deux ans, voilà que la DJS avait annoncé, en début d'année, la fermeture de tout le site pour mener une autre opération de réhabilitation ! Une situation déplorable et scandaleuse à la fois, car comment se fait-il que cette petite oasis, ouverte au public officiellement le 1er juin 1872, se trouve aujourd'hui dans cet état ? Selon des sources proches du dossier, l'ancienne entreprise chargée du chantier a failli à sa mission et n'a pas respecté le cahier des charges. Les opérations de rénovation se suivent et se ressemblent, et au bout du compte échouent. Mais cette fois-ci, les autorités locales comptent réhabiliter le complexe, doté d'une enveloppe financière de 200 millions de dinars, dont la réhabilitation a été inscrite au programme de la manifestation « Constantine, capitale 2015 de la culture arabe », et confiée à une entreprise espagnole spécialisée pour un délai d'une année. Par ailleurs, Constantine, troisième grande ville du pays, qui manque cruellement de lieux de détente et de loisirs, attend toujours la réception de sa piscine olympique de l'Institut national de formation des cadres du sport (ex-Creps) près du complexe sportif Chahid-Hamlaoui. Aux dernières nouvelles, l'infrastructure sera réceptionnée dès la rentrée sociale, après des retards de plus de trois ans. Pour rappel, la toiture métallique s'est partiellement effondrée en 2011, mais un autre problème plus sérieux serait à l'origine des retards de livraison. En effet, selon un cadre exerçant à l'Institut national de formation des cadres du sport, l'entreprise chargée du projet de réalisation de la piscine olympique avait achevé les travaux il y a des mois, mais le bassin n'a pas été homologué par le ministère de la Jeunesse, ainsi que par la Fédération de natation, en raison du non-respect des dimensions. « Il manquait environ 30 cm de longueur, ce qui bien sûr ne convient pas aux compétitions et aux normes internationales d'une piscine olympique. L'entreprise a dû reprendre les travaux pour se conformer aux normes, c'est ce qui explique les retards ! », a-t-on expliqué. Espérons que la réception de ces deux piscines sera effective en 2015, et en attendant, cet été les enfants, les familles et les citoyens de la Ville des ponts n'ont guère le choix que de passer des journées à la plage dans les villes côtières. Et pour les familles qui n'ont pas les moyens, elles peuvent s'abattre sur les ronds-points et les jets d'eau, que ce soit à la cité Zouaghi, Daksi, ou au centre-ville, un phénomène qui en dit long sur le manque de loisirs et de piscines à Constantine.