Qui est derrière la destruction partielle des escaliers en pierre bleue reliant le quartier El Coudiat à l'avenue Abane-Ramdane ? Mardi dernier, des ouvriers armés de marteaux-piqueurs avaient rasé une grande partie des marches datant d'au moins un siècle et les ont chargé ensuite sur des camions, avant d'être interrompus par des habitants du quartier et des passants. Indignés, ces derniers ont réussi à « chasser » les ouvriers et l'entrepreneur, surtout que d'autres escaliers du centre-ville devaient connaître le même sort. D'ailleurs, les travaux n'ont pas repris le lendemain, et il semblerait que la décision soit venue d'en haut pour suspendre cette opération de réhabilitation qui entre dans le cadre des préparatifs de « Constantine capitale de la culture arabe ». A la direction de l'urbanisme, un secrétaire nous a répondu que tout le monde est en congé. Toutefois, nous avons appris par l'intermédiaire d'une personne travaillant à la Duch, que cette opération obéissait au cahier des charges et que l'entrepreneur n'était en rien responsable. Elle nous explique qu'il était prévu qu'une fois enlevée, la pierre bleue sera remplacée par du marbre importé d'Europe, mais que suite au tapage médiatique concernant l'opération en question, il a été décidé de imiter les dégâts et de maintenir la pierre bleue, soit en la remettant à niveau (par du ponçage) soit en changeant les marches usées. Un véritable « massacre », confie, à ce propos, un habitant du quartier. « Nous avons l'intention de saisir la justice si jamais les escaliers ne retrouvent pas leur état d'origine. C'est juste insensé ce qui arrive, détruire de la pierre bleue qui a résisté durant plus d'un siècle pour vouloir la remplacer avec du bêton ou du marbre ». Les habitants du centre-ville restent très prudents au sujet des opérations de réhabilitation des monuments ou des vieilles ruelles. Ils gardent un mauvais souvenir de la rénovation de l'actuelle Cour de justice, sise Belouizdad, au début des années 2000, lorsque des matériaux nobles tels que la pierre bleue et du vieux marbre, furent remplacés par du « marbre bas de gamme » qui s'est d'ailleurs détérioré.